vendredi 19 décembre 2014

XI. Thèse Minimaliste du Déluge




I. Intro :
I.1. Approche Historienne du Thème du Déluge :


Récemment le récit du déluge a été revu en regard de nouvelles découvertes et le web abonde en sites en traitant [1],[2]. La version biblique du déluge a été influencée par les mythes babyloniens lors de la déportation à Babylone des israélites. Les israélites de Yathrib qui se sont enfuis dans le désert d'Arabie pour fuir les babyloniens, ont établi des midrash dans la région très tôt. Le Coran présente donc naturellement des parallélismes avec ces israiliyyāt des Juifs de Yathrib, qui sont historiquement distincts des midrashim des érudits hellénisés et qui ont vécu sous la domination babylonienne.

Le récit biblique du Déluge a été récusé dans maints ouvrages d'histoire comme étant une légende, avec l'appui des données modernes et la géophysique. Mais qu'en est-il de la version coranique ? Est-il également improbable sous cette version ? C'est ce que nous nous proposons d'analyser et étudier ici.


I.2. Approche Coranique, une Innondation Locale :

Selon la version du déluge suivant le Coran, seule une faction du peuple de Noé est menacée de destruction. Noé embarque sa famille et plusieurs personnes acceptant ses visions. Noé construit une embarcation en branches renforcées d'étoupe (ðāti alwāħi wa dusūr en arabe, cf. Qurtubi). Tabari rapporte une israiliyyāt qui dit que Noé a refusé dans l'arche les animaux indésirables. Le Coran décrit donc la destruction d'une population par une inondation dans un genre de radeau, dit que certains animaux ont été chargés dessus, Noé est décrit comme un ancêtre commun de tous les hommes actuels, et dit que cet événement a été conservé par des oreilles fidèles. Or, des récits similaires se retrouvent chee plusieurs civilisations à travers tous les continents.


Radeau primitif, fait de branches et d'étoupe correspondant à la description coranique de l'embarquement du patriarche fondateur. 


I.3. Croisement des Données Coraniques avec les Données Vérifiables :
I.3.a. Colalescence Génétique vers -142.000 ans :


(Coran, 37:77) :  "Noé cria vers nous, et certes nous sommes prompt à exaucer. Nous le délivrâmes avec sa famille de la grande calamité. Nous laissâmes subsister ses descendants, Et nous lui conservâmes dans la postérité cette salutation.".


Les données modernes montrent une coalescence génétique vers 142.000 BP de notre lignée paternelle, fondées sur l'étude du chromosome y, montrant que nos origines remontent quelque part en Afrique, vers cette époque, à une période géologique où le niveau de la mer grimpait, ayant dû causer des inondations sur les basses altitudes le longs des mers et des océans. Or, la dévouverte de Omo1 et Omo2 appuie encore nos origines africaines vers -190.000 ans.

Les données génétiques montrent que nous avons un ancêtre commun mais vers seulement -140.000 ans et que nous avons néanmoins échangé des gènes avec d'autres lignées d'homme. Cela ne contrevient pas à la version coranique soutenant que ceux qui étaient concernés étaient les seuls mécréants du peuple de Noé, les autres tribus ne seraient pas concernées. Nos gènes montrent que nous avons un ancêtre commun en Afrique vers -142.000 ans par la lignée mâle directe. Le concept d'un ancêtre universel est génétiquement fondé.


I.3.b. Fin de la Glaciation de Riss, Pic de Température vers -140.000 ans :

Le mode de vie par la pêche, le cabotage et la navigation vers 100.000 à 130.000 ans en arrière montre que des populations locales ont dû être affectées par la hausse du niveau des mers de la fin de la glaciation de Riss. Seulement, nos lignées directes convergent chez respectivement un homme et une femme quelque part en Afrique vers -140.00 o à -150.000 ans.


Données de Vostok montrant un pic de hausse en température au point de coalescence de l'espèce humaine vers -130ka  qui débute vers -145 ka.


La population humaine mondiale est restée très faible jusqu'au néolithique, en sorte que les communautés mondiales partageaient des croyances homogènes jusque très récemment.


I.3.c. Plus anciennes Preuves de Navigation en Haute Mer Vers -130.000 ans :

Une équipe gréco-américaine multi-disciplinaire dirigée par Thomas Strasser (American School of Classical Studies) a mis à jour des pierres taillées pouvant remonter vers -130.000 ans en Crète. L'île étant inaccessible depuis cinq millions d'années, cela constituerait une preuve tangible de navigation en haute mer dès le paléolithique.


Pierres taillées retrouvées en Crète remontant vers -130.000 ans témoignant de la capacité de leur auteur à naviguer en haute mer. Date correspondant avec de fortes perturbation climatiques et une montée des eaux de la planète.



Vue aérienne de l'île de Crète, pas accessible sans moyen de navigation sophistiquée.

II. Synthèse des événements :
II.1. Les Elements Objectifs :
  1. La montée des eaux est planetaire à la fin de la glaciation de Riss vers -130Ka.
  2. Nos ancêtres génétiques touchés sont confinés localement et géographiquement sur le continent africains et vivent de chasse, de pêche et de cueillette.
  3. Tous les homo Sapiens actuels ont une lignée mâle directe en Afrique vers -140.000 ans. D'après une étude génétique de Fluvio Cruciani [3], et une mère mitochondriale vers -140.000 ans [4].
  4. Nous avons échangé des gènes avec d'autres peuplades mais la lignée directe converge chez un ancêtre commun à tous. Cf. Björn Kurtén [5].
  5. La navigation et le cabotage étaient connus à cette époque. Le cabotage existe en Afrique depuis plus de 100.000 ans [6]. Des pteuves de navigation remontant vers 130.000 ont été relevées en Crète.
  6. Le Coran décrit pareillement la destruction de peuplades commes Ashab-i Rass, le peuple de Selah, le peuple de Hūd, le peuple de Loth.  Le récit de Noé se fonde donc parmi les destructions et n'est pas exceptionnel dans le Coran.
  7. Le Coran qualifie cela de souvenir ancestral conservé par des oreilles fidèles.
  8. Qurtubi précise que le radeau était fait de branches et de lianes (dusūr).
  9. Tabari rapporte que Noé aurait évité les animaux indésirables dans l'arche, d'après un midrash des israélites de Yathrib.

II.2. Calendrier et Longévité des Anciens : 

Le calendrier solaire n'a pas pu exister dans la préhistoire. Les 950 années pourraient consister en des cycle slunaires d'après certains exégètes. On trouve sur les pierres tombales des sumériens des personne affirmées mortes à l'âge de 800 ou 1000 ans. Les termes 1000 ans (sanah) moins 50 années (ʔˤm) est à situer dans un contexte très ancien, propre aux temps primordiaux. Les 50 ans montrent la sémantique archaïque que le Coran impute au récit. Les sumériens comptaient sur base sexagésimal, le français ancien sur base 20. Noé aurait compté par blocs de 50 lunaisons. Le calendrier solaire n'ayant pas existé à l'époque des premiers hommes.


Calendrier de Knouth, représentant les lunaisons sur un cycle de 19 ans. Datant, semble-t-il du néolithique ou de l'âge du bronze.


Os d'Ishango, témoignant plausiblement d'une forme de comput dans les temps éloignés, probablement vers 20.000 ans BP.


La transition d'un mode de vie nomade à un mode de vie semi-nomade, et finalement sédentaire a conduit à intégrer la notion de saisons dans la mesure du temps. Chose inutile quand on se déplaçait au gré des saisons sans devoir planter des graines ou pratiquer de l'élevage.


II.3. Plus anciennes traces de l'homme moderne :

Les premiers fossiles des hommes modernes se trouvent dans l'Est Africain, dans le territoire des Bushmens modernes comme cela se vérifie avec la découverte de Omo1 et Omo2 à Kibbish.


Rite funéraire, Qazfeh en Israël datant de 92ka BP.



Omo1, l'un des plus anciens fossile d'homo sapiens datant d'entre 135ka et 195ka BP.


Nous avons traité de l'âge de Noé, de la possibilité de créer un radeau à cette époque, de l'existence d'autres populations que nous avons montré ne pas contrevenir à la version du Coran, de la situation géographique de l'inondation, de la fonction de la montée du niveau des eaux dans l'augmentation statistique des innondations. Arrêtons-nous sur la version coranique du récit à présent. 


III. Particularités du Récit Coranique :

III.a. Une Catastrophe Locale :

Le Coran ne parle pas d'un recouvrement mondial ni de destruction de tout ce qui est vivant. Il parle d'une inondation (al tˁūfān) qui touche une population particulière. Le Coran ignore le terme déluge, qui se dit hetˁūl en arabe. De même, le terme d'Arche est ignorée dans le récit coranique de Noé, qui qualifie l'embarcation comme un objet fait de branches et d'étoupe (ðāti alwāħi wa dusūr), ou comme une embarcation modeste : safīnah et fulk.


III.b. Coalescence Génétique à la Fin de Glaciation de Riss :

L'apparition génétique et paléontologique de l'homo Sapiens Sapiens et de notre premier ancêtre commun remonte à une époque où le niveau des mers augmentait à cause de la fin de l'ère glaicaire. Ce qui correspond avec des bouleversements climatiques concordant avec la thèse d'un souvenir d'une innondation à cette époque.

Le Coran ne suggère pas explicitement un goulot d'étranglement ponctuel. Néanmoins notre génome témoigne d'un ancêtre commun à cette époque, comme soutenu explicitement dans le récit coranique de Noé. Les survivants de l'embarcation ayant pu partager des gènes avec les autres populations humaines. Donc, dans nos gènes, il y a de l'ADN des autres populations. L'étude de Fulvio Cruciani montre que nous avons tous un ancêtre paternel commun.



Coalescence génétique de la lignée patrilinéaire humaine vers 142ka BP.


III.c. Durée Indéternminée :

La question étant l'étude scientifique sur la version coranique du récit de Noé, il faut analyser la version coranique touchant la durée du cataclysme. Un bouleversement qui dura des siècles a pu choquer les premiers hommes au point de se conserver jusqu'au Moyen-Âge. Leur petit train de vie a dû soudainement devenir un calvaire, pour eux qui naviguaient paisiblement pour pêcher. Le Coran ne mentionne toutefois pas de durée du naufrage.


III.d. Un Souvenir Universel :

Le maintient oral d'une catastrophe naturelle d'une violence extrême a pu être conservée depuis nos origines, sans que cela n'ait à ce jour été formellement démontré. Neanmoins, de nombreux articles scientifiques récents ont montré la pertinence de souvenirs universels pouvant remonter à une population fondatrice ayant vécu au paléolithique, par une méthode dite de phylogénétique des mythes anciens [7].

Mentionons la théorie de la Génération de Toba de Stanley Ambrose, qui soutient que les mythes universels remontent à l'Adam chromosome y. L'universalité des mythes fondateurs est en soi l'élément les plus tangible d'une origine commune du temps de la génération fondatrice. A défaut de quoi, il faudrait admettre un grand nombre de coïncidences.

Le lointain souvenir d'un tel cataclysme a d'autant plus pu se transmettre au fil des générations que la période fondatrice a dû entériner celui-ci par des séries interminables d'inondations s'étalant sur toute la période inter-glacière, renforçant ce souvenir. Des inondations pavant l'histoire des sociétés humaines depuis ces temps fondateurs devaient jalonner ce lointain souvenir remontrant à un ancêtre commun en le maintenant vivement dans la mémoire d'un patrimoine commun comptant parmi les récits les plus palpitants transmis par les sages.

La thèse d'un mythe local plus récent en Mésopotamie ne répond pas au sujet de l'existence du même mythe fondateur jusqu'aux Indiens précolombiens des Andes (voir supra). Un article scientifique révise la date de la coalescence génétique de l'homme moderne vers -140.000 ans au lieu des 75.000 ans proposés jusqu'ici [8].

Sans affirmer pouvoir dresser la liste complète de ces récits, soulignons en particulier que ce récit universel se retrouve depuis le Sud américain précolombien, jusqu'en Polynésie, en passant par l'Amérique du Nord, par l'Australie et jusqu'en Mésopotamie en en Grèce, ainsi que dans une moindre mesure en Afrique. L'universalité de ces récits conforte un souvenir comme soutenu dans le Coran, à la génération fondatrice, plausiblement vers -130.000 ans, époque d'inondations, où l'homme savait naviguer en haute mer.

Voici un lien qui contient certaines données sur le déluge en Amérique précolombienne : récits du déluge.


III.d.1. Voici un récit dans le Nouveau Monde :

Une version du Déluge nous vient du chroniqueur Pedro de Cieza de Leon. Il passa de nombreuses années à voyager dans les Andes, se familiarisant avec les langues et les coutumes indigènes. Ses livres sont parmi les meilleurs que nous ayons qui nous donnent un témoignage oculaire de l'empire inca. En 1550, résumant la croyance d'un ancien déluge répandue chez tous les Indiens qu'il avait rencontrés, Cieza laissa le récit suivant de leur histoire :
« Ces nations disent que jadis, de nombreuses années avant les Incas, la terre fut très peuplée et qu'il y eut une grande tempête et un déluge. L’océan déborda et les eaux envahirent la terre de telle sorte que tous les peuples moururent, parce que les eaux montèrent assez pour recouvrir les pics les plus élevés de toutes les chaînes de montagne... Les autres peuples des montagnes et même ceux des terres basses disent que personne n'échappa à la noyade sauf six personnes qui s'échappèrent dans un petit bateau ou une barque et qui donnèrent naissance à tous les peuples qui ont vécu depuis lors... Ne mettez pas cela en doute, lecteur, car que tout le monde l'affirme et dit que j'ai écrit à ce propos ».

Il est évident que ce mythe du Sud américain est une version du Déluge du Popol-Vuh qui ne mentione bizarrement pas les survivants.


III.d.2. Mythe polynésien du déluge :

"W. Ellis et Teuira Henry rapportent l'existence de deux récits du déluge dans la tradition orale polynésienne :l'un à Tahiti, l'autre à Raiatea. A Raiatea, la tradition apporte une version du déluge qui présente des analogies avec le récit biblique, qui était répandu avant l'arrivée des missionaires. La légende rapporte que Ruahatu, Dieu de la mer dans la mythologie polynésienne, avait un corps d'homme terminé par une queue d'espadon. Dérangé par un pêcheur dans sa demeure de corail, Ruahatu avait décidé de créer un déluge à travers toutes les îles jusqu'à submerger le Temehani tout entier (les Iles-Sous-le-Vent). Seuls seraient sauvés le pêcheur, qui était devenu son ami, sa femme et son enfant ainsi que quelques animaux qui se rendirent rapidement sur le motu de Toa-Marama, lieu saint des dieux de la mer. La mer gronda et s'éleva sur la terre en balayant les arbres, les maisons, les oiseaux,les animaux et même les poissons, sans oublier tous les humains qui n'avaient pas cru au message du pêcheur. Tout comme pour Noé, la famille sera épargnée et avec elle, un chien, un cochon et un couple de volailles. L'île de Raiatea sera lentement repeuplée à partir de ces survivants."

Ce genre de récits se retrouvent sur tous les continents, et témoigne de l'ancienneté de ce mythe.


III.d.3. Version chinoise du Déluge :
Une légende raconte qu'un homme labourait ses champs lorsqu'il entendit le grondement du tonnerre. Il ordonna à son fils et à sa fille de rentrer dans la maison, accrocha une cage en fer sous son avant-toit et attendit la foudre armé d'une fourche en fer. Soudain, un coup de tonnerre retentit accompagné d'un éclair, et le monstrueux dieu du tonnerre Leigong apparut, brandissant une hache. L’homme chargea alors Leigong avec sa fourche, le poussa dans la cage et verrouilla la porte. La pluie et le vent cessèrent aussitôt. Le lendemain matin, l'homme décida de se rendre au marché voisin dans le but d'acheter des épices pour faire mariner le dieu. Avant de partir, il interdit à ses enfants de donner quoi que ce fût à manger ou à boire à Leigong. Dès que l'homme fut parti, Leigong se mit à supplier les enfants de lui donner ne serait-ce qu'une goutte d'eau. Bien qu'obéissants, les enfants cédèrent. A peine l'eau avait-elle touché les lèvres de Leigong qu'il recouvrit sa force et fit exploser la cage. Avant de partir, il remercia les enfants et leur donna une de ses dents, qu'il leur conseilla de planter. Les enfants mirent la dent en terre, et elle donna naissance à une plante portant une courge. La pluie se mit alors à tomber, et lorsque l'homme revint du marché, la terre était recouverte d'eau. L’homme installa ses enfants en sécurité à l'intérieur de la courge, puis il construisit un bateau et monta jusqu'au ciel sur les flots déchaînés. Fuxi et sa création (Temple Fuximiao à Tianshui (Gansu) Là, il frappa à la porte et supplia le seigneur du paradis de mettre fin à l'inondation. Ce dernier ordonna alors au dieu de l'eau d'arrêter le déluge. Le dieu de l'eau obéit avec une diligence telle que les eaux diminuèrent instantanément, et le bateau s'écrasa sur terre,entraînant l'homme dans la mort. Les enfants survécurent car la courge avait amorti leur chute. Les enfants se révélèrent être les survivants de l'inondation. Ils devinrent connus sous le nom de Fuxi. Lorsqu'ils furent adultes, le jeune homme suggéra à la jeune femme de faire des enfants. Celle-ci était réticente: ils étaient frère et sœur. Elle finit par accepter à condition que son frère l'attrapât. Fuxi se lança à la poursuite de sa sœur, et ainsi furent inventés les rites du mariage. La jeune femme prit alors le nom de Nuwa ou Nugua."


III.e. Volcanisme et Climat Perturbé :

Heidi Toelle souligne que le mot rendu par four, le tannūr ferait allusion à un feu jaillissant de la Terre. Le feu est connu depuis homo Erectus, et la viande est déjà cuite au feu depuis des centaines de milliers d'années. La chercheuse fait un rapprochement avec Roch Hachanah 16,2, Sanhédrin 108 et Gen. rabba 28,9. Où il est fait mention du réchauffement des eaux diluviennes.

Beaucoup de phénomènes volcaniques sont recensés vers -130.000 ans. Une recherche sur Google permet de s'en assurer, cela a pu accélérer la fin de la glaciation de Riss.


III.e.1. Quelque Preuves de Volcanisme à l'Epoque Concernée dans notre Thèse Minimaliste du Récit du Déluge :

Il est à insister sur le fait que nous ne soutenons pas qu'une élévation subite des eaux aurait causé un tel événement, mais soutenons bien que les populations de l'époque ont forcément été confrontés à de violentes inondations, à une époque qui coïncide avec un point de coalescence génétique des hommes, à une période très critique du point de vue météorologique. En effet, outre la correspondance de la date de 142ka BP avec la fin de la glaciation de Riss, de nombreux volcanismes d'une violance variable sont relevés à cette époque critique qui renforcent la thèse d'une catastrophe ayant pu marquer la mémoire universelle de l'humanité chez des ancêtres communs, et par le coup, en renforcer le souvenir. Voici quelques cas de volcanismes à l'époque qui nous intéresse.

el Golfo, Garrinada, Karthala, à Montpezat et aussi Seulawah Agam, et d'autres volcanismes ont été actifs à -130.000 ans.



Karthala, et Seulawah Agam, deux volcan nés ainsi que d'autres à la fin de la glaciation de Riss à l'Hollocène, sans doute sous l'influance de la modification violente de l'hygrométrie de la planète. Accentuant sans doute la violence des catastrophes natuelles, y compris les inondations et tempêtes.

Il est à noter que même l'explosion d'un seul volcan suffit à bouleverser le climat. El Golfo s'est effondré, mais cela a son impact géologique.           


III.e.2. Effet de Volcanisme sur la Météorologie :

Tout comme le réchauffement climatique actuel qui fait grimper le niveau des mers de quelques centimètres, et la température moyenne de quelques degrés centigrades, apporte son lot de catastrophes, une telle perturbation n'a pas pu ne pas affecter les Hommes de l'époque, correspondant au récit d'une inondation à une période climatiquement agitée ; et qui coïncide  avec le plus ancien ancêtre commun et l'existence de la navigation et de la pêche ?          

Renvoyons vers un site exposant les effets du phénomène de réchauffement remarquable vers -130.000 ans :  Le développement durable, approches géographiques [9]



III.f. La Navigation au Point de Coalescence, à la Fin de la Glaciation de Riss :

Il est établi de fait que homo Sapiens existe depuis environs 200.000 ans comme en témoignent les données paléontologiques. Or, les données génétiques s'arrêtent vers 140.000 ans comme déjà vu plus haut. Il est légitime de se demander pourquoi les gènes des humains actuels ne remontent pas jusqu'à 200.000 ans. La hausse du niveau des mers, comme les débuts de la navigation apparaîssent vers l'époque de notre ancêtre commun universel le plus récent. Or le récit du déluge se retrouve depuis l'apparition de l'écriture et s'étend à travers tous les continents. Certes, les récits divergent sur la forme, mais l'idée de fond de la colère d'un dieu provoquant une inondation reste stable.

Comme indices de la navigation dans les temps reculés, il y a plusieurs éléments. Le passage vers l'Australie vers 75.000 ans en est un exemple. Comme le bois ne se conserve pas, nous ne détenons aucune certitude sur la maîtrise des technologies en bois pour cette époque qui nous intéresse.

La possibilité de naviguer dans le Pacifique sur un radeau a été démontrée avec l'expérience du Kon-Tiki.

Une publication du 26 avril 2011 de Thomas F. strasser, Curtis Runnels, Karl Wegmann, Eleni Panagopoulou, Floyd Mccoy, Chad Digregorio, Panagiotis Karkanas et Nick Thompson dans le "Journal of Quaternary Science" volume 26, pages 553-560 en Juillet 2011 soutient que les sapiens primitifs ont pu naviguer en haute mer au Paléolithique Moyen, et précise que les outils en pierre taillée retrouvés en Crète en 2010 montrent des resemblances évidentes avec les outils en pierre taillée du Paléolithique Moyen en Afrique. La datation est évaluée remonter entre la fin du Pléistocène moyen et le début du Pléistocène, vers 130.000 ans dans le passé.

Le bouleversement climatique et de la faune à l'échelle planétaire à l'époque de la génération fondatrice du Paléolithique moyen, se lit à travers des graphiques sur le taux de CO2, la hause des témpératures et par le biais  de données astronomiques, comme une correspondance des ères glaciaires à cause des variations cycliques dans les mouvements de rotation et de révolution de la Terre. Nous notons ainsi les pics de réchauffement entre -100.000 et -150.000 ans, soit la période à laquelle remontent nos plus récents ancêtres communs patrilinéaire et matrilinéaire.

Les effets climatiques dûes à l'élévation progressive du niveau de la mer, catastrophes et bouleversements planétaire des écosystèmes et de la faune sont avérés exactement à l'époque de nos plus récents ancêtres communs. 


III.g. Une Catastrophe Parmi d'Autres :

La destruction du peuple de Noé est un cataclysme parmi d'autres selon le Coran, « Et Moise dit : « Si vous êtes ingrats, vous ainsi que tous ceux qui sont sur terre, (sachez) qu’Allah Se suffit à Lui-même et qu’Il est digne de louange. Ne vous est-il pas parvenu le récit de ceux d’avant vous, du peuple de Noé, des ‘Ad, des Thamûd et de ceux qui vécurent après eux, et que Seul Allah connaît ? … » (Coran, 14:8-9).

L'inondation subie par le peuple de Noé s'inscrit dans une longue liste de calamités et de cataclysmes infligés aux peuples de Noé et aux communautés qui lui succédèrent selon le Coran. Le Coran cite les peuples de 'Ad (tremblement de terre), de Thamud (vent violent), de Lut (pluie de pierres), de Saba, de Madian, d'Abraham, de Pharaon (inondations et sécheresses perte de pouvoir au profit d'étrangers), de Tobba, de Ras, d'al-aïka, de Hidjr, etc., dans des termes très proches. Chaque peuple est dit avoir reçu un châtiment similaire. Certains auron été anéantis par des tremblements de terre, d'autres par une pluie de pierres ou par un vent violent. Le récit coranique de Noé s'inscrit dans ce contexte.


IV. Récapitulatif :
  1. L'homo Sapiens existe depuis plus de 190.000 ans en Afrique d'après les données fossiles, il est un descendant d'homo erectus.
  2. Notre plus récent ancêtre commun génétique, l'Adam chromosome y remonte à 142.000 ans, mais nous possédons dans notre ADN des gènes d'autres lignées, mais pas en ligne directe paternelle ou maternelle.
  3. Vers 130.000 ans, il y a eut d'importants volcanismes, c'était la fin de la glaciation de Riss. Et des traces de cabotage et de navigations sont connues à partir de 130.000 ans à 100.000 ans.
  4. Le Coran souligne que l'embarcation était faite de planches et d'étoupe, calfaté.
  5. Noé est dit être un ancêtre commun de tous les hommes actuels.
  6. Le récit est dit avoir été conservé par des oreilles fidèles, or la fin de la glaciation de Riss avec du volcanisme intense a dû fort marquer les premiers hommes.
  7. La fin de la glaciation et la hausse du niveau des mers, avec en plus du volcanisme, a fort bien pu marquer les premiers hommes et donner naissance au mythe le plus ancien de l'humanité. Son plus ancien souvenir.

V. Mise au point  :
  1. Quand il y a une inondation elle frappe à un moment donné, or il n'y a pas une durée déterminée.
  2. Comme précisé, Noé aurait vécu il y a 140.000 ans, la notion d'espèce génétiquement isolée est un anachronisme. Rendre le mot zawʤ par espèce est donc insensé. zawʤ signale un groupe, dans un sens beaucoup plus vague en langue arabe. Et Tabari précise que d'après une israiliyyāt, Noé a reffusé les bêtes nuisibles.
  3. Le fait que les vagues resemblent à des montagnes, par l'expression comme ne signifie pas qu'elles ont la hauteur de l'Everest. Et il est comme précisé que le fils de Noé n'a pas eu le temps de chercher une montagne. Rien dans le Coran ne parle de recouvrement de toutes les montagnes.
  4. La durée n'est pas rapportée. De même, la hausse du niveau des mers actuelle est relativement rapide, mais les effets ne touchent pas toutes les régions de la même façon. 
  5. Noé aurait chargé les espèces de son milieu, mais pas les bêtes indésirables comme les scorpions, serpents, chauve-souris, félins, carnivores ou rats. Le récit de Tabari est en effet crédible sur ce point. Il faut situer cet événement dans une sémantique archaïque remontant donc éventuellement au paléolithique.

VI. La Question de la Violence du Cataclysme et de Son Ampleur :

La Violence des Vagues :

Le Coran ne mentionne pas le recouvrement de toute montagne, même si il évoque la violence des vagues, qu'ils décrit comme semblables à des montagnes.


Voici la traduction de Savary du verset (Coran, 11:42-44) : "Noé leur dit : Montez dans l’arche au nom de Dieu qui la fera voguer et s’arrêter, parce qu’il est indulgent et miséricordieux. Le vaisseau les portait sur les flots, qui s’élevaient comme des montagnes. Noé appela son fils qui était demeuré sur la terre. O mon fils, lui dit-il, entre avec nous, ne reste pas avec les infidèles."

Voici la traduction ancienne de Kasimirski : (Coran, 11:44) : "Et le vaisseau voguait avec eux au milieu des flots soulevés comme des montagnes. Noé cria à son fils qui était à l’écart : O mon enfant ! Monte avec nous, et ne reste pas avec les incrédules !"


VII. La Question de Vestiges de  l'Embarcation :

Il n'existe pas de trace des plus anciennes embarcations, ou pirogues. Seulement, il y a des preuves de cabotage et de navigation fondées sur une étude comparative des types de tailles de pierres et de leurs déplacements de leurs sites d'origines. La difficulté de la conservation des objets en bois nous empêche de déterminer à quoi ressemblaient les premières embarcations. Les outils en pierre comme les flèches, les hâches montrent comme les embouts en pierre ont résisté au temps, alors que les parties en bois ont disparus par l'usure du temps.


Supra, une hâche du paléolithique, dont la partie en bois a disparu. 




VIII. La Question des animaux embarqués :

Une catastrophe et un tel bouleversement planétaire, troublant la paisible vie toute simple des chasseurs-cueilleurs vivant tranquillement de la pêche et la cueillette, et dont un groupe aurait réussi à survivre en s'embarquant in extremis avec quelques animaux utiles a pu marquer suffisamment ceux-ci pour fonder l'un des plus puissants mythes universel, sans doute ravivé à chaque inondation, jusqu'à notre époque, en sorte de se retrouver dans les légendes sur tous les continents, avec mille et une exagération, mais le même fond.


L'ancêtre du cheval domestique remonterait vers 160ka BP. 



L'ancêtre du chien domestique remonterait vers 150ka BP.



L'ancêtre du chat domestique remonterait  vers 130ka BP.


Felis sylvestris lybica, le chat sauvage du Proche-Orient remonte à 130.000 ans. Divergeant de ses cousins Africains plus anciens. Il existe beaucoup d'espèces dont l'ancêtre commun le plus ancien remonte vers cette époque. Il ne faut pas se précipiter à tous les imaginer blottis avec Noé et les siens. Comme souligné plus haut, cette date a été climatiquement très percutante, et il n'y a pas de surprise à ce que de nombreuses espèces aient été frappées en sorte que leurs populations survivantes s'amenuisent vers cette époque.           

L'homme savait piéger des animaux dans des fosses. Il a déjà été fait mention de l'origine du chat domestique du Proche-Orient vers -130 ka. En fait, la séparation des chiens domestiques des loups s'est opérée vers -150 ka, et l'ancêtre du cheval domestique remonte vers -160 ka. Or, la domestication remonte tout au plus au néolithique. Nous pouvons en déduire que l'influence de l'homme sur son environement et ses méthodes de chasse, son mode de vie a commencé à inférer sur la génétique des populations animales favorites très tôt. La véritable domestication ne s'opérera bien qu'au néolithique. Or, les loups devaient depuis longtemps vivre à proximité des hommes et de leurs pièges, et manger les déchets abandonnés. Il en est de même pour les chats. Ainsi, nous pouvons conclure que la fin du Pléistocène moyen était un tournant important dans les rapports de l'homme avec les animaux de son environement.


IX.  La Thèse Minimaliste :

Les études génétiques confirment l'existence d'un patriarche universel à une époque où le niveau des mers s'élevait, et où de forts volcanismes perturbaient en profondeur le climat à l'échelle planétaire.

La navigation s'avère d'autre part maîtrisée à cette époque, en sorte qu'un souvenir universel d'un groupe de rescapés fondateurs apparaît être scientifiquement confortée.

D'autre part, une autre étude génétique à montré que tous les humains ayant vécu avant il y a 2.000 à 3.000 ans ayant laissé une descendance qui perdure sont des ancêtres de toute femme et de tout homme actuels, quoi que pas par lignage directe [10].

Il semble improbable que parmi une communauté d'individus disposant de moyens de navigation, aucun n'ait usé de l'un de ceux-ci parmi les patriarches fondateurs. Comme il apparaît évident que des animaux vivant à proximité aient nagé jusqu'à  l'embarcation.

Ainsi, il apparaît de façon pertinante qu'un incident de ce genre vécu par un ancêtre universel de l'ensemble de l'humanité ressort avoir dû survenir au moins une fois entre il y a 142.000 ans et 5.000 ans : tous les hommes ayant vécus entre ces deux dates limites et ayant laissé une descendance sont des ancêtres communs de chaque femme et de chaque homme de notre époque. Ce qui rend la version coranique du récit historiquement incontestable sur le fond, comme sur la forme. L'incident le plus ancien correspondant à cette description correspondant ainsi stricto sensu avec le récit du Coran.


 X. Synthèse :

1) L'article de Juillet 2011 officielle plus haut confirme que les hommes savaient naviguer en haute mer vers -130.000 ans, entre la fin du Pléistocène moyen et le début du Pléistocène inférieur [11].

2) Nous avons montré que les glaciers fondaient à la fin de l'ère glaciaire de Riss avec un pic de température et de CO2 vers -130.000 ans. Ce qui signifie que le niveau de la mer s'élevait à l'époque, à cause de la fonte des glaciers.

3) Nous avons montré que nos plus récents ancêtres patrilinéaire et matrilinéaire communs remontent également vers cette époque, avec des marges d'erreurs qui se recoupent assez fièlement avec cette période.

4) Nous avons précisé que le Coran ne dit pas que tous les hommes ont été touchés mais la tribu de Noé seule. Les autres survivants ayant pu transmettre des gènes autres que le chromosome y et l'ADN mitochondrial, sans entrer en contradiction sue le récit textuel coranique.

5) Le Coran ne parle pas d'espèce, notion inexistente du temps de Muhammad, mais dit "charge de chaque couple une paire", sans autre précision. Tabari explique que Noé a donc chargé des bêtes utiles de son milieu.

6) Cette génération fondatrice a par conséquent forcément connu des catastrophes naturelles et des inondations très percutantes, or sachant naviguer, ils ont pu se préserver en barque; et ce souvenir a pu traverser les âges en sorte qu'on en trouve une version exagérée sur tous les continents.

7) Le site de Judi cité dans le Coran est indéterminé. Il y a plusieurs thèses. Ici, nous soutiendrons que le mont de Judée est un candidat probant. הדוהי >> Judée >> Jûdiyya. C'est une hypothèse philologique. Comme Isu ou yashua qui a dérivé en Jésus par romanisation, avec la transformation phonétique du i: en ʤ




* * *

Achevons notre analyse en soulignant que le mot "baħr" du récit coranique étudié ici, signifie toute masse d'eau, lac, mer ou océan, et que le terme montagne signale dans le récit de Noé, la forme d'une montagne, et pas ses dimensions. En effet, un bateau aussi est comparé à une montagne dans un autre passage du Coran, au verset 42:32 : "Et parmi Ses preuves, sont les vaisseaux à travers la mer, semblables à des montagnes."           















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[1] L'arche de Noé, une histoire vraie ? Histoire pour tous, forum d'histoire. 

[2] Almost every culture on Earth includes an ancient flood story. Details vary, but the basic plot is the same: Deluge kills all but a lucky few. Ballard & the black Sea, the surch for Noha's flood. (2000) National Geographic online. 

[3] A Revised Root for the Human Y Chromosomal Phylogenetic Tree: The Origin of Patrilineal Diversity in Africa Fulvio Cruciani1, Beniamino Trombetta1, Andrea Massaia1, Giovanni Destro-Bisol2, 3, Daniele Sellitto4, Rosaria Scozzari1. (Volume 88, Issue 6, 10 June 2011, Pages 814–818 ) 

[4] Fernando L. Mendez, Thomas Krahn, Bonnie Schrack, Astrid-Maria Krahn, Krishna R. Veeramah, August E. Woerner, Forka Leypey Mathew Fomine, Neil Bradman, Mark G. Thomas, Tatiana M. Karafet, Michael F. Hammer, « An African American Paternal Lineage Adds an Extremely Ancient Root to the Human Y Chromosome Phylogenetic Tree », The American Journal of Human Genetics, no Volume 92, Issue 4,‎ , p. 637. 

[5] Hypothèse présentée dans le roman Dance of the Tiger. A novel of the Ice Age (1978) et explicitée dans une note de l'auteur à la fin de l'ouvrage. 

[6] Propédeutique à L'Anthropologie Biologique, Par Michel-Ange Momplaisir 

[7] Un mythe africain sur l'origine de la mort qui remonte à la préhistoire. Jean-Loïc Le Quellec. © Hominidés.com - 2002-2019 

[8] "A Revised Root for the Human Y Chromosomal Phylogenetic Tree: The Origin of Patrilineal Diversity in Africa" : Fulvio Cruciani, Beniamino Trombetta, Andrea Massaia, Giovanni Destro-Bisol, Daniele Sellitto, and Rosaria Scozzari. 

[9] Le développement durable, approches géographiques, (Le réchauffement climatique entre mythes et réalités). Guy Blanchet (Directeur honoraire du Centre de Climatologie de l'Université Claude-Bernard-Lyon I)
Roger Goullier (agrégé de Géographie, chargé de cours à Lyon I) (26/07/2004) 

[10] Rohde DL (2005), On the Common Ancestors of All Living Humans, Massachusetts Institute of Technology

[11] Thomas F. strasser, Curtis Runnels, Karl Wegmann, Eleni Panagopoulou, Floyd Mccoy, Chad Digregorio, Panagiotis Karkanas et Nick Thompson dans le "Journal of Quaternary Science" volume 26, pages 553-560 en Juillet 2011.


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