dimanche 28 décembre 2014

IV. Islam et Judéo-Christianisme : Quel Regard ?


A. Introduction :

Un des domaines de connaissances des moins étudiés et des plus méconnus est la question du regard de l'islam au sujet du judaïsme et du christianisme. Quelle position adopte le Coran vis-à-vis de ces religions ? Où se situe l'islam par rapport à celles-ci ? Cet article se penchera sur la question de l'islam et de ses rapports avec le monde judéo-chrétien.



B. Le Coran destiné aux Gentils :

B-1. Le Coran Reconnait la Torah et l'Evangile :

Le Coran reconnait l'autorité de la Torah et des écrits israélites, et considère le christianisme comme une partie inétgrante du judaïsme. Tandis qu'il se situe comme une révélation prioritairement destinée aux non israélites. En effet, le Coran qui s'adresse principalement aux Gentils (ummiyun) par rapport à la Torah qui y est dite révélée aux enfants d'Israël (Cor, 3,75;62,2-3;7,157-158), s'inscrivant -concernant le christianisme- dans la continuité judéo-chrétienne des milieux israélites paléochrétiens. Il se démarque par rapport à l'influence hellène, et rejoint des textes considérés apocryphes judéo-chrétiens. Le Coran présente ainsi Jésus comme un prophète et comme messie du monde israélite, et s'oppose avec virulence aux notions de trinité et d'engendrement divin du pagano-christianisme antique. Ainsi, le Coran nomme les chrétiens nassara, qui est l'arabisation de nazôréen (ναζωραῖος). Les nazaréens étant la première fraction d'israélites suivant Jésus comme sauveur et messie.


(Mt 5,8)
« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. »


(Cor. 2,82) : "Tu trouveras certainement que les yahud (yehudim-yehudaia) et les associateurs sont les ennemis les plus acharnés des croyants. Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent : Nous sommes nazôréens. C'est qu'il y a parmi eux des prêtres et des moines, et qu'ils ne s'enflent pas d'orgueil."

Le fait que l'usage du terme ummiyun fait référence aux goyim ressort nettement dans le verset suivant; (Cor. 3,75) : "Et parmi les gens de la Bible, il y en a qui, si tu lui confies un qintār, te le rend. Mais il y en a aussi qui, si tu lui confies un dinār, ne te le rendra que si tu l’y contrains sans relâche. Cette attitude provient de ce que ces derniers disent : "nulle voie [de contrainte] sur nous, envers les Gentils". Ils profèrent le mensonge contre Allah alors qu’ils savent."

Ce droit sur les biens des non israélites se fonde sur des préceptes rabbiniques parabibliques connues, que récuse le Coran. La propriété d’un goy appartient au premier juif qui la réclame [1]. Les juifs peuvent mentir et se parjurer, si c’est pour tromper ou faire condamner un goy [2]. Le nom de Dieu n’est pas profané quand le mensonge a été fait à un goy [3]. Si un juif trouve un objet appartenant à un goy, il n’est pas tenu de le lui rendre [4]. Des juifs qui trompent un goy doivent se partager le bénéfice équitablement [5].


B-2. Le Coran Commande aux Israélites de Suivre la Torah et l'Evangile :

(Cor. 4,44-47) : "Nous avons fait descendre la Torah dans laquelle il y a guide et lumière. C’est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que les rabbins et les docteurs jugent les affaires des Juifs. Car on leur a confié la garde du Livre d’Allah, et ils en sont les témoins. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez Moi. Et ne vendez pas Mes enseignements à vil prix. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants. Et Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes. Et Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Torah avant lui. Et Nous lui avons donné l’Evangile, où il y a guide et lumière, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Torah avant lui, et un guide et une exhortation pour les pieux. Que les gens de l’Evangile jugent d’après ce qu’Allah y a fait descendre. Ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont les pervers."

(Cor. 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce une parole de Sa part : son nom sera l'oint sauveur, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà, et l’un des rapprochés d’Allah. (...) Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah et l’Evangile, et il sera le messager aux enfants d’Israël, [et leur dira] : (...) Et je confirme ce qu’il y a dans la Torah révélée avant moi, et je vous rends licite une partie de ce qu'on vous a interdit [par la tradition]. Et j’ai certes apporté un signe de votre Seigneur. Craignez Allah donc, et obéissez-moi. Allah est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le donc : voilà le chemin droit."


B-3. Légitimité d'un Prophète Arabe et Judaïsme Antique :

B-3.1. Un prophète non israélite ?

L'idée qu'un prophète soit exclusivement israélite, et que la Bible soit la seule voie du salut plausible est bien, d'après la philologie et l'approche historico-critique, une appréhension tardive du judéo-christianisme médiéval, bien postérieur à l'émergence de l'islam. Une relecture rigoureuse des sources paléoislamiques semble montrer que même la notion de messie dans l'islam primitif semble rejoindre celle du judaïsme, puisqu'il apparaît qu'en islam il n'y a pas de notion de Messie unique, mais bien un titre plus étendu sur le plan sémantique attribué entre autre à Jésus, mais aussi à un certain Dajjal, considéré comme un Antichrist.


B-3.1.1 Balaam, un prophète Moabite :

Dans le judaïsme antique, il était coutume d'envisager des prophètes non israélites. Le Coran insiste ainsi sur l'autorité Abrahamique de l'islam à plusieurs reprises. Ainsi, le livre des Nombres de la Torah mentionne un prophète Moabite au chapitre 22. Cela était parfaitement accepté dans l'antiquité et n'a été remis en question qu'après l'émergence de l'islam, au fil des siècles, jusqu'à finalement être tenu pour inacceptable, et ce tant dans le monde juif que dans le monde chrétien.


B-3.1.2 Doctrina Jacobi nuper Baptizati :

Il est remarquable que dans doctrina nuper baptizati on constate que les israélites de Palestine se rejouissaient en entendant les échos sur l'existence de Muhammad parmi les Arabes, et se vantaient face aux répressions byzantines, qu'un prophète arabe annonce l'arrivée imminente du Messie, tandis que les pères de l'Eglise tenaient initialement les arabes comme alliés aux israélites. La tradition musulmane rapporte que le Négus aurait accepté Muhammad comme un prophète et pris les émigrés sous sa haute protection. Même si cela étonne des siècles plus tard, cela semble parfaitement plausible après une recontextualisation sémantico-historique.


B-3.1.3 Agabos, un prophète postérieur à Jésus :

□(Actes des apôtres, 21:8-11) : "Partis le lendemain, nous sommes allés à Césarée, nous sommes entrés dans la maison de Philippe, l’évangélisateur, qui était l’un des Sept, et nous sommes restés chez lui. Il avait quatre filles non mariées, qui prophétisaient. Comme nous restions là plusieurs jours, un prophète nommé Agabos descendit de Judée. Il vint vers nous...". 

Ce passage témoigne de l'approche antique des chrétiens au sujet des prophètes en mentionnant de nombreux prophètes parmi les apôtres, donc quatre vierges et un prophète nommé Agabos. Chose qui ne deviendra irrecevable que très progressivement à mesure du renforcement du haut clergé, jusqu'à devenir totalement rejeté, bien après l'époque de Muhammad qui conduira le monde chrétien à se fermer à toute idée de nouveau prophète. Il est éloquent pour les musulmans qu'aucun prophète n'est issu du monde judéo-chrétien depuis l'avènement de Muhammad désigné comme sceau des prophètes.


B-3.2. Les musulmans exempt de la Loi de Moïse :

De même, les anciens israélites considéraient que les non israélites respectant les lois nohaides (שבע מצוות בני נח) iraient au paradis. En effet, ce point qui est évident pour une personne maîtrisant la théologie tant judaïque que musulmane, conduit assez souvent à tenir l'islam comme incompatible avec la Torah de par le fait que les lois de Moïse destinés aux enfants d'Israël n'y sont pas imposés aux fidèles non israélites.



C. Le Jésus coranique, un prophète israélite oint :

C-1. Le Jésus historique et la Loi :

C-1.1 Jésus est-il venu abolir la Loi ?

(Matthieu, 5:17-20) : "Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. En vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. Car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux."

(Coran, 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce une parole de Sa part : son nom sera l'oint sauveur, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà, et l’un des rapprochés d’Allah. (...) Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah et l’Evangile, et il sera le messager aux enfants d’Israël, [et leur dira]: (...) Et je confirme ce qu’il y a dans la Torah révélée avant moi..."


C-1.2 Jésus allège la loi des traditions :

(Marc, 7:1-9) : "Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, s'assemblèrent auprès de Jésus. Ils virent quelques-uns de ses disciples prendre leurs repas avec des mains impures, c'est-à-dire, non lavées. Or, les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s'être lavé soigneusement les mains, conformément à la tradition des anciens; et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu'après s'être purifiés. Ils ont encore beaucoup d'autres observances traditionnelles, comme le lavage des coupes, des cruches et des vases d'airain. Et les pharisiens et les scribes lui demandèrent: Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains impures? Jésus leur répondit: Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu'il est écrit: Ce peuple m'honore des lèvres, Mais son coeur est éloigné de moi. C'est en vain qu'ils m'honorent, En donnant des préceptes qui sont des commandements d'hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore: Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition."

(Coran, 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce une parole de Sa part : son nom sera l'oint sauveur, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà, et l’un des rapprochés d’Allah. (...) Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah et l’Evangile, et il sera le messager aux enfants d’Israël, [et leur dira]: (...) Et je confirme ce qu’il y a dans la Torah révélée avant moi, et je vous rends licite une partie de ce qu'on vous a interdit [par la tradition]. Et j’ai certes apporté un signe de votre Seigneur. Craignez Allah donc, et obéissez-moi. Allah est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le donc: voilà le chemin droit."


C-1.3 Les épis du sabbat et l'exemple de David :

(Luc, 6:1-5) : "Il arriva, un jour de sabbat appelé second-premier, que Jésus traversait des champs de blé. Ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs mains. Quelques pharisiens leur dirent: Pourquoi faites-vous ce qu'il n'est pas permis de faire pendant le sabbat? Jésus leur répondit : N'avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu'il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui; comment il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de proposition, en mangea, et en donna à ceux qui étaient avec lui, bien qu'il ne soit permis qu'aux sacrificateurs de les manger ? Et il leur dit: Le Fils de l'homme est maître même du sabbat."

Le petit nombre d'épis arraché était toléré également selon le Talmud.


C-1.4 Guérison le sabbat :

Le Sabbat a été confié à l’homme, et non l’homme au sabbat ; car le verset recommande que l’on vive par la Torah, et non que l’on périsse par elle [6].

(Luc, 14: 1-10) : "Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l'un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l'observaient. Et voici, un homme hydropique était devant lui. Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens: Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat? Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la main sur cet homme, le guérit, et le renvoya. Puis il leur dit: Lequel de vous, si son fils ou son boeuf tombe dans un puits, ne l'en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ? Et ils ne purent rien répondre à cela."


C-1.5 Le péricope de la femme adultère :

Ce passage est un ajout tardif absent des plus anciens manuscrits. En effet il manque dans le codex sinaiticus et le codex varticanus qui sont les recensions bibliques canoniques les plus anciens détenus à ce jour.


B-1.6 Jésus est venu seulement pour les israélites :

(Matthieu 10: 5-6) : "N’allez pas vers les païens, et n’entrez pas dans les villes des Samaritains; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël."

(Matthieu 15:24) : "Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël."

(Coran, 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce une parole de Sa part : son nom sera l'oint sauveur, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà, et l’un des rapprochés d’Allah. (...) Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah et l’Evangile, et il sera le messager aux enfants d’Israël..."


C-1.7 La loi n'est imposée qu'aux israélites :

Jésus tolérait que des étrangers suivent la Loi en appliquant la Loi, comme cela est permis dans la Torah. Mais les apôtres avaient permis aux goyim de pratiquer des lois nohaïdes seulement. Ce qui fut également abandonné plus tard complètement. Ainsi, l'helleno-christianisme était à l'origine une tolérance des païens croyant en Jésus à ne pas appliquer la loi imposée aux israélites, à la condition de respecter les lois nohaïdes.

(Cor. 4,44-47) : "Nous avons fait descendre la Torah dans laquelle il y a guide et lumière. C’est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que les rabbins et les docteurs jugent les affaires des Juifs. Car on leur a confié la garde du Livre d’Allah, et ils en sont les garants. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez Moi. Et ne vendez pas Mes enseignements à vil prix. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants."


C-1.8. Le décret des aprôtres à Paul : 

"Les interdits du décret ne font que reproduire, en l'explicitant la partie proprement rituelle des commandements dits nohachiques, c'est-à-dire révélés à Nohé, que les rabbins imposaient aux "craignants dieu". Il paraît assuré que dans l'esprit des Jérusalémites le décret équivaut à assimiler les convertis du paganisme à ces demi-prosélytes. Il fait ainsi du christianisme une sorte de judaïsme mitigé. Du moins, s'il se définit un minimum exigible de tous, précise-t-il du même coup que c'est là un maximum que nul ne pourra obliger les chrétiens d'origine païenne à dépasser. (...) Paul en effet dénonce avec vigueur l'action de ces missionnaires qui, venus dans son sillage, corrigent son enseignement, prêchant un autre Evangile et un autre Jésus (Gal. I, 6-7 ; II Cor. II,4). Les développements de I Cor.9 sur les idolythes (viandes immolées aux idoles) représentent une polémique à peine voilée dans le décret. Et dans les Eglises de Galatie ce ne sont pas seulement les prescriptions alimentaires fondamentales, c'est la totalité de la Loi, et en particulier de la circoncision, que l'on prétend faire accepter aux païens convertis (Gal. 4,10;5,2 ss).Paul ne dénonce pas nommément les initiateurs de ce mouvement. Mais il est significatif qu'il y avait à Corinthe un parti de Céphas, c'est-à-dire Pierre (I Cor. I,2). Et les lettres de recommandation que certains exhibent pour authentifier leur apostolat (II Cor.3,1) ne peuvent guère émaner que d'une autorité incontestée, quelqu'un des Douze, Pierre peut-être, et avec plus de vraisemblance, Jacques, frère du Seigneur, désignés tous deux comme les "colonnes" (Gal.2,9) et que vise aussi le qualificatif ironique de "super-apôtres" (II Cor.II,5 ; 12;11).[7]


C-1.9 Synthèse :

L’analyse montre que Jésus ne semble pas contrevenir aux interdits archétypaux (mitzvot lo taasè), pour le moins tels qu’ils se trouvent formulés dans la Michna [8], ni à leurs dérivés (toladot). En référence au droit talmudique, certains actes ou paroles associées à la thaumaturgie ou s'étendant dans la vie profane étaient jugées contraires à l’esprit du sabbat, et donc proscrites, au second degré, par interdit rabbinique. Il ressort que Jésus se consacrait à n’enfreindre que les dispositions rabbiniques jugées secondaires dans l'esprit de révérer davantage encore les injonctions bibliques, accusant les scribes et les pharisiens de privilégier leurs traditions sur la Loi de Moïse.

(Coran, 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce une parole de Sa part : on le nommera l'oint sauveur, fils de Marie, il sera illustre ici-bas comme dans l’au-delà, et l’un des rapprochés d’Allah. Il parlera aux gens, dans le berceau et en son âge mûr et il sera du nombre des gens de bien. - Elle dit : Seigneur! Comment aurais-je un enfant, alors qu’aucun homme ne m’a touchée ? - C’est ainsi ! dit-il. Allah crée ce qu’il veut. Quand il décide d’une chose, Il lui dit seulement : Sois et elle est aussitôt. Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Thora et l’Evangile, et il sera le messager aux enfants d’Israël, [et leur dira] : En vérité, je viens à vous avec un signe de la part de votre Seigneur. Pour vous, je forme de la glaise comme la figure d’un oiseau, puis je souffle dedans : et, par la permission d’Allah, cela devient un oiseau. Et je guéris l’aveugle-né et le lépreux, et je ressuscite les morts, par la permission d’Allah. Et je vous apprends ce que vous mangez et ce que vous amassez dans vos maisons. Voilà bien là un signe, pour vous, si vous êtes croyants ! Et je confirme ce qu’il y a dans la Torah révélée avant moi, et je vous rends licite une partie de ce qu'on vous a interdit [par la tradition]. Et j’ai certes apporté un signe de votre Seigneur. Craignez Allah donc, et obéissez-moi. Allah est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-le donc : voilà le chemin droit."



C-2. Le Coran et les récits apocryphes :

C-2.1. Le Coran et la Bible :

Généralement, le Coran est tenu pour considérer la Bible comme falsifiée, et cela est souvent soutenu sans véritable étude de la question. Nous avons déjà étudié la question des récits apocryphes du Coran dans un article dédié, nous y renvoyons d'ici pour ne pas tout devoir reformuler ici. Les écrits chrétiens médiévaux dépeignent en effet l'islam comme une mouvance alliée aux israélites, et comme une église hétérodoxe. Ce ne sera que des siècles plus tard, après de nombreux conciles et travaux de canonisation que l'islam sera progressivement dénigré comme une religion ignorante et égarée de fond en comble, voir comme l'oeuvre de l'Antéchrist en personne.



C-2.2. La problématique de l'hérésiologie et l'islam primitif :

Suivant la tendance qui est encore généralement de vigueur, l'islam est considéré comme regorgeant de méconnaissances au sujet du christianisme et du judaïsme. Le Coran est déprécié et tenu simplement comme un récit tardif insignifiant dans le cadre de l'étude objective et historique du judéo-christianisme. Or, une étude paléographique et historico-critique montre que cet a priori conduit à minimiser la position critique du Coran par rapport au judéo-christianisme, car le Coran s'avère être une source d'information très précieuse.

Le Coran est détenteur de récits divergents ayant résisté aux relectures hellènes, anathèmes sur les écrits considérés hérétiques et aux travaux massorétiques érudits innombrables ayant conduit à un éloignement considérable de la Bible de sa version prémassorétique. Tandis que le Coran détient de nombreux archaïsme qui se révèlent très précieux en regard de l'archéologie et de l'histoire du monde israélite. La question des manipulations de la Bible critiquées dans le Coran s'avère plus qu'une simple dénonciation d'obédience, mais se révèle être une trace historique d'une résistance aux travaux de standardisation des grilles de lectures des manuscrits conduisant à la perte irrévocable de leçons très précieuses en matière de données historiques. Ainsi, le Coran cadre étonnamment avec l'histoire du monde proto-israélite fondé par l'archéologie, là où les versions révisées qui seront achevées plusieurs siècles après le Coran s'éloignent tant des récits détenus par les Cohanim de Yathrib ayant échappé à l'influence Babylonienne et de l'exil, qu'ils conduisent simplement à une conclusion hâtive que la Bible serait une élaboration de l'esprit dénué de presque tout support historique réel.




C-3. Les sources des évangiles :

Le texte initial le plus ancien identifié est selon Marc et il s'arrête au verset : « elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. » (Mc 16,8) Les deux grands onciaux du IVe siècle (les codex Vaticanus et codex Sinaiticus) s'arrêtent à ce moment devant la caverne, tandis que certains autres manuscrits proposent les versions diverses. La théorie des deux sources, se fonde sur ce que les évangélistes Matthieu grec et Luc rejoignent l'évangile selon Marc dans une large mesure. Le Matthieu grec reprends 523 versets de Marc sur 661 (79%), et Luc en reprend 364 sur 661 (56%). Ainsi, 635 versets sur 661 se retrouvent conjointement à travers les synoptiques autour de la version selon Marc (97%).


Schéma théorique des sources des évangiles synoptiques élaborée soutenant l'existence d'une seconde source en dehors de l'évangile selon Mars, la source Q.



C-4. Le Coran, le paléochristianisme et la question de l'hérésiologie :

L'antériorité de certains manuscrits apocryphes, contenant des éléments figurant dans le Coran, à des manuscrits tenus pour canoniques soulève une autre problématique historico-critique, qui est la question de l'hérésiologie. En effet, quoi que la pertinence théologique des récits canoniques ou apocryphes n'a pas d'implications historienne, la question de la pertinence orthopraxique de ces écrits dans le cadre du paléochristianisme s'inscrit dans le cadre d'une étude sémantico-historique particulier à élucider.

En fait, la découverte récente d'un manuscrit copte de l'évangile de Judas mentionné par Irénée dès l'an 180 dans Adversus Haereses I.31.1 témoigne de la complexité à décrypter le paléochristianisme, sans être pris dans le courant d'influence du christianisme tardif.


C-4.1. Critères objectifs et critères subjectifs :

C-4.1.1 Gnosticisme :

L'un des critères de l'hétérodoxie qui a dirigé les critiques sur l'historicité des manuscrits paléochrétiens était la gnose. Néanmoins, la découverte des manuscrits de la mer Morte a révélé que la gnose a précédé Jésus-Christ dans les milieux juifs antiques, en sorte que ce critère pour définir un récit comme historiquement plausible ou non plausible s'est avéré souffrir d'une erreur d'appréciation. En effet, la gnose s'inscrit dans la sémantique judéo-orthodoxe contemporaine à Jésus.


C-4.1.2 Judéo-christianisme :

Le Coran s'ancre clairement dans la prolongation judéo-chrétienne de l'histoire de Jésus. Ce qui n'est pas sans lui donner une pertinence évidente en matière historico-critique, étant donné que l'ouverture du paléochristianisme sur le monde non israélite a été le lieu de vifs débats à l'époque des apôtres. Témoignant que le christianisme primitif était bien une forme de judaïsme antique à l'origine, et était par conséquent éloigné de la culture greco-romaine, devant même être considérée dans les milieux les plus religieux comme un égarement évident.


C-4.1.3 Ebionisme :

L'ébionisme, parfois identifié avec les nazoréisme est également considéré comme un éloignement de l'orthodoxie, pourtant cet a priori ne se fonde pas sur des critères objectifs réfutables mais bien sur une certaine attente théologique héritée des pionniers chrétiens en matière d'études christologiques.


C-4.1.4 Miaphysisme :

Le Coran fait l'éloge semble-t-il des chrétiens d'Abyssinie ayant offert refuge aux émigrés musulmans comme ayant la même foi que les musulmans.

Voici un récit rapporté par la tradition qui mérite réflexion :

«En Abyssinie, nous fûmes hébergés par le meilleur des voisins (le Négus). Il nous garantit une liberté de culte ; nous adorions Allah sans être inquiétés et sans entendre de paroles déplaisantes. Lorsque Qouraych eut vent de ceci, ils décidèrent d’envoyer au Négus deux émissaires très diplomates et de lui offrir les présents les plus prisés de la Mecque. Ils dépêchèrent donc AbdAllah ibn Abi Rabi’a et ‘Amr ibn Al-‘As. Ceux-ci s’adressèrent au Négus en ces termes : Ô Roi, certains faibles d’esprit parmi les nôtres se sont réfugiés dans ton pays. Ils ont délaissé la religion de leur peuple et n’ont pas embrassé la tienne. Ils ont innové une religion que nul ne connait, ni toi, ni nous. Nous sommes venus te sommer de les renvoyer dans leur pays.

Mais le Négus refusa et exigea de les entendre. Ja’far ibn Abi Talib représenta les musulmans et parla en leur nom. (...) Le Négus lui dit : Connais-tu quelque chose de ce avec quoi Allah l’a envoyé ? Lorsqu’il affirma que oui, le Négus lui demanda d’en réciter une partie. Il se mit à psalmodier le début de la sourate Mariam.  Um Salama commenta : Par Allah, lorsqu’ils entendirent ce qu’il leur récitait, le Négus pleura à en tremper sa barbe et ses évêques pleurèrent au point de mouiller les parchemins. Le Négus déclara ensuite : Par Dieu, ceci et ce qui a été révélé à Moïse sont comme deux rayons émanant d’une même lampe. Allez-vous-en ! Par Dieu, je ne vous les livrerai jamais !

Mais ‘Amr ne se découragea guère de ce premier échec et revint vers le Roi déclarant : Ils disent des énormités au sujet de Jésus fils de Marie !

Que dites-vous au sujet de Jésus fils de Marie ? s’enquerra le Négus. Nous disons de lui ce que nous a enseigné notre Prophète, répondit Ja’far. Il est le serviteur d’Allah, son messager, son esprit et son verbe insufflé à la vierge Marie. Le Négus leur dit alors : Allez en paix, vous êtes en sécurité sur mes terres. Quiconque vous insultera aura à payer une compensation. »

La tradition rapporte en effet que le Prophète tint le Négus comme méritant le salut, et qu'il présida une prière mortuaire à son décès. Dans ce cas, il est permis de se demander si le miaphysisme abyssin était considéré compatible avec le Coran du temps du Prophète, ou du moins une version de celle-ci ? Jésus est tenu pour le Verbe incarné de dieu envoyé en Marie, et en même temps pour un simple mortel, ce qui n'est pas éloigné de la christologie du Négus d'après ce récit.


C-4.1.5 Influence Helléniste :

Cela aussi est un point largement écarté des études historiennes ou fort déconsidéré, pourtant il est évident que la culture grecque a influencé le christianisme primitif pour l'éloigner de façon catégorique du berceau israélite dont la nouvelle religion est issue.

L'influence du culte d'Héracles et de Mithra dans le pagano-christianisme populaire a joué un rôle moteur dans le déroulement des débats passionnés sur la nature de Jésus qui a divisé le monde chrétien hellénisé. Au gré des emprunts au culte de Mithra et aux prophètes bibliques a généré de très nombreuses divisions qui ne seront contenues que partiellement, tandis que la minorité non prosélyte israélite des milieux judéo-chrétiens finira anathème, rejetant la divinité de Christ qui était un grâve blasphème du vivant de Jésus, et même hors sujet jusqu'à sa disparition.


C-4.1.6 Trinité :

L'exemple de la trinité que rejette sévèrement le Coran est un point caractéristique montrant l'antériorité de la christologie coranique à celle des églises canoniques. Puisque ce concept qui est soutenu avec ferveur par les intellectuels chrétiens est strictement incompatible avec le judaïsme antique et est une des conséquences des interminables conciles sur la nature du Christ qui a donné naissance à cette chimère de trinité divine qui prit forme au fil des conciles et fut érigé en dogme central au IVeS, croyance qui eût été une abomination impensable par un juif de l'Antiquité, quoi que parfaitement acceptable dans la culture hellène.


C-4.1.7 Imitation des Anciens :

Le Coran accuse les chrétiens et certains mystiques juifs d'imiter les anciens en se qualifiant d'enfants de dieu. Les premiers ont de fait hérité de cette idée du monde greco-romain, les derniers des cultures babylonienne et égyptienne qui est caractéristique dans certains didachè coptes.


C-4.1.8 Divinité de Marie :

Une des reproches du Coran qui étonne est l'accusation de certains chrétiens de vénérer Marie comme déesse. Quoi que cela puisse sembler une erreur due à l'ignorance de Muhammad du christianisme médiéval, cette croyance est bien fondée comme existant à son époque en Arabie, comme cela se note dans l'évangile arabe de l'enfance.


C-4.1.9 Uzayr :

Un autre passage du Coran qui soulève parfois des doutes est l'accusation de certains israélites de vénérer un certain Uzayr comme fils de dieu. Cela aussi est néanmoins bien fondé chez certains mystiques Juifs qui vénèrent Ezra comme une réincarnation de Metatron, considéré comme un elohim, et un fils de dieu. Une croyance pagano-judaïque rémanente devant remonter à l'époque de l'exil en Babylonie.


C-4.2. La Torah, une Loi destinée aux enfants d'Israël :

C-4.2.1 Paul et les apôtres :

L'éloignement de la loi dans les milieux paléochrétiens fut progressif et postérieur à Jésus. Les écrits témoignent de la virulence des débats quant à l'application de la Loi des goyim croyant en la messianité de Jésus. Il ressort de la lecture historico-critique des manuscrits paléochrétiens que les apôtres aient été partagés sur la question. Les plus souples tolérant que les lois nohaïdes suffisaient à leur sujet, tandis que les plus rigides exigeaient la circoncision et la fidélité à la Loi devant les introduire comme membres du peuple israélite.


C-4.2.2 Le Coran accuse les israélites de ne pas se plier aux mitzvot :

(Cor. 4,44-47) : "Nous avons fait descendre la Torah dans laquelle il y a guide et lumière. C’est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que les rabbins et les docteurs jugent les affaires des Juifs. Car on leur a confié la garde du Livre d’Allah, et ils en sont les témoins. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez Moi. Et ne vendez pas Mes enseignements à vil prix. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants. Et Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes. Et Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Torah avant lui. Et Nous lui avons donné l’Evangile, où il y a guide et lumière, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Torah avant lui, et un guide et une exhortation pour les pieux. Que les gens de l’Evangile jugent d’après ce qu’Allah y a fait descendre. Ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont les pervers."

Le Coran situe en effet le christianisme dans la continuité de la Torah. Dans ce passage, il exige des judéo-chrétiens d'appliquer la Loi. La sourate cinq intitulée Maidah est la dernière chronologiquement, en sorte que cette exigence ne soit pas soutenable comme abrogée par la suite. Ainsi, le Coran semble bien reconnaître aux juifs et chrétiens le devoir de se plier aux mitzvot. La Loi coranique étant par conséquent exigée des musulmans, n'étant point liés par la Torah. Or, le Coran prime sur tous [note].



D. Jésus Coranique, Le Messie Attendu Pas si Doux :

D-1. L'annonciation : 

(Luc, 1:29-35) : "La manifestation dit : Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. 1.29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. 1.30 La manifestation lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant dieu. 1.31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. 1.32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur dieu lui donnera le trône de David, son père. 1.33 Il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin. 1.34 Marie dit à la manifestation: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme? 1.35 La vision lui répondit: Le esprit sacré viendra contre toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de dieu."

L'être manifesté ne se présentant pas, il est légitime de s'interroger sur son identité. Luc le nomme l'ange, mais la vision n'en dit absolument rien. En effet, le passage parle d'un esprit puissant qui va copuler et couvrir Marie qui va enfanter un enfant qui sera nommé fils du Très Haut. Or, ce passage absent des manuscrits antérieurs au IVeS est très significatif, car les manuscrits de la mer Morte ont révélé un texte exactement identique, mais décrivant la naissance de l'Antéchrist.


D-2. L'antéchrist selon les manuscrits de la mer Morte :

« [... Après nombre de tueries] et des massacres, un prince des nations [se lèvera...], le roi d'Assyrie et d'Égypte [...], il régnera sur le pays [...], lui seront assujettis et tous [lui] obéiront. [Son fils également] sera appelé Le Grand, et sera appelé Fils de Dieu, ils l'appelleront Fils du Très-Haut. Mais tels les météores que tu as aperçus dans ta vision, tel sera son royaume. Ils ne régneront qu'un petit nombre d'années (trois ans ?) sur le pays, tandis que les peuples piétineront les peuples, et que les nations piétineront les nations. Jusqu'à ce que le peuple de Dieu se lève. Alors tous se reposeront de la guerre. Leur royaume sera un royaume éternel, et toutes leurs voies seront justes. Il jugeront la terre avec équité, et toutes les nations feront la paix. La guerre disparaîtra du pays et toutes les nations se soumettront à eux. »

Le prince nommé fils de dieu et fils du Très haut est dans cet écrit antique l'Antéchrist en personne. Les femmes enceintes pas les démons étaient connues à cette époque, il semblerait que Luc ait transformé la mise enceinte de Marie par un esprit puissant par l'annonce de Gabriël. Or, rien dans cette vision de Marie ne mentionne cela. Satan est nommé Seigneur et Jésus fils du Très Haut. Il faut souligner que les autres évangiles ne mentionneront pas cette vision qui devait naturellement inquiéter. 

Il est aisé de concevoir les érudits juifs faire un rapprochement entre cette ancienne prophétie et le cas de Jésus, conduisant le courant paganochrétien désireux de rompre avec le judaïsme à identifier Jésus comme fils de Dieu en s'appropriant volontiers cette accusation à son chef. Cette idée qui devait horrifiée tout juif devait au contŕaire séduire les nouvelles recrues familiarisées avec les cultes de Mithra et d'Héraclès.


D-3. Jésus est accusé de travailler avec Satan :

Les Juifs accusaient Jésus de travailler avec Béelséboul (Lc.11,15). Or, à l'époque, il est avéré que la thaumaturgie était une pratique banale, de même que l'exorcisme. La réticence des Juifs envers Jésus qui faisait comme tous les autres se fonderait-il sur cette naissance douteuse de Jésus ? Cela n'est pas invraisemblable. En effet, les titres attribués à Jésus de fils du très haut et de dieu sont exactement ceux qui devaient être attribués à l'Antéchrist selon les prophètes.


D-4. Jésus pas si doux :

Les évangélistes rapportent deux Jésus diamétralement opposés, au début, Jésus parle en paraboles, encourage au pardon, et se présente en agneau appelant à l'amour. Jésus amasse les masses populaires qui se mettent à le poursuivre dans son parcours. Or, une fois qu'il a ameuté les masses, nous trouvons un Jésus qui change radicalement de langage. Il devient très violent et s'apprête à dominer le monde et y mettre le feu.

 
D-4.1 Jésus serait un nationaliste révolté :

(Mt. 10,34-35) : "Ne pensez pas que je sois venu mettre la paix sur la terre ; je ne suis pas venu mettre la paix, mais l’épée; car je suis venu jeter la division entre un homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère..."

(Lc.12,49-53) : "Je suis venu porter le feu sur la terre; et comme je voudrais qu'il fût déjà allumé ! Mais j’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre ? Non, vous dis-je ; mais plutôt la division. Car désormais ils seront cinq dans une maison, divisés : trois seront divisés contre deux, et deux contre trois ; le père contre le fils, et le fils contre le père ; la mère contre la fille, et la fille contre la mère ; la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mère."


D-4.2 Jésus agneau et Jésus Roi :

Le Jésus des évangélistes présente deux périodes nettement distinctes. Au commencement, il approche les gens par leurs sentiments, par des paroles de paix. Même si parfois on le trouve déjà préparant une chose toute différente, notamment quand il nomme ses disciples. Or, quand on réalise que Jésus a changé de méthode et de verbe après avoir amassé la foule, on réalise qu'il aspirait à dominer en roi par effusion de sang et de feu dans l'Armageddon prophétisé par les anciens.


D-4.3 Des disciples violents :

Lors d'une analyse philologique et sémantico-linguistique, plusieurs des disciples de Jésus semblent avoir été des gens assez violents, probablement des maquisards, des résistants à l'occupation romaine.


D-4.3.a  Des noms d'apôtres révélateurs :

□ 1 et 2. Jacques et Jean :

"Puis Jacques de Zébédée et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, c'est-à-dire fils du tonnerre" ( Mc 3-17)

■ Ce surnom de "Boanerges" dont la signification est "Fils du tonnerre" nous prédispose à voir ces disciples plus comme des révolutionnaires violents que comme de doux apôtres .


□ 3. L'un des deux Simon était surnommé le "Zélote" :

"Et Simon, surnommé le Zélote." (Lc 6/15.)

"Et Simon le Zélote."(Actes.I-13).

■ "Zélote" pourrait être traduit à notre époque par "fanatique".

Ce Simon était également surnommé le "Cananéen" (Mat 10/4), ce qui pourrait signifier "Habitant de Cana" ... mais c'est plutôt la déformation de la racine Kana / Qanana / Qan'ani qui veut dire "Zèlote" en hébreu. Les Zélotes (de la racine grecque "zeloun") étaient des révolutionnaires, des terroristes anti-romains particulièrement fanatiques. On a donc deux synonymes du terme zélote.


□ 4. L'autres Simon, l’apôtre Simon-Pierre, avait deux surnoms : Cephas et Bariona..

"Et comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs." (Mat 4/18)

"Et il le mena à Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon Bariona; tu seras appelé Céphas (qui est interprété : Pierre)" (Jean 1/43)

"Et Jésus, répondant, lui dit : Tu es bienheureux, Simon Bariona, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux." (Mat 16/17)

■  Cephas (Pierre, le roc) lui fut donné pour sa dureté ou sa taille massive qui le faisait ressembler à un rocher (... ou alors parce qu'il était chauve ?)

■Bariona pourrait signifier "Bar-Jonas" ("Fils de jonas"), mais en araméen, il pourrait se traduire aussi par "Membre des Baryonims". Les Baryonims ("proscrits, maquisards") était l'un des noms donnés aux Zélotes.

■Ce Simon-Pierre n'était pas un pacifique car on le voit couper d'un coup d'épée l'oreille d'un garde du Temple dans le Jardin des Oliviers. (Jn. 18,10). Et il semble bien que c'est lui qui a tué les deux conjoints, Ananias et Sapphira (Ananie et Saphire), parce qu'ils n'avaient pas versé à la communauté le profit entier de la vente de leur terrain. (Actes 5).


□ 5. Il y avait aussi Judas, appelé "Iscariote" :

"Judas Iscariote, qui aussi le livra." (Mat 10/4)

■On dit que "Iscariote" signifie "habitant de Kerioth" (ou plus exactement "population de Kerioth") .. mais il aurait pu être aussi un zélote car "Ekariot" semble plutôt une déformation de “sicariote” c'est à dire "sicaire" en hébraîque. Hors les sicaires étaient la partie la plus extrémiste des Zélotes. Leur nom leurs venait du poignard "sica" dont ils se servaient pour tuer leurs victimes.

 
D-4.3.b Joseph Flavius écrit à propos des zélotes :

"A Jérusalem une nouvelle forme de banditisme naquit, celle des sicaires, qui commettaient des meurtres en plein jour au milieu de la ville. Ils agissaient spécialement à l'occasion des fêtes en se mélangeant à la foule, cachant sous leurs vêtements de petits poignards avec lesquels ils frappaient leurs adversaires. Puis, quand ceux-ci tombaient, les assassins s'unissaient à ceux qui exprimaient leur horreur et simulaient si bien qu’ils étaient crus et par conséquent pas reconnaissables." (Guerre Judaïque II – 12).

A notre époque on traduirait "sicaire" par "terroriste". Les disciples de Jésus étaient donc en grande partie des nationalistes luttant contre l'occupation romaine. A noter que le nombre des apôtres traditionellement donné par le nombre 12 ne semble pas avoir de réalité historique véritable. Ce serait bien un nombre symbolique. 

En effet, les évangélistes divergent quant aux noms des fameux douze apôtres.

Matthieu

Marc

Luc

Jean

Simon (appelé Pierre)Simon (appelé Pierre)Simon (appelé Pierre)Simon (appelé Pierre)
AndréAndréAndréAndré
JacquesJacquesJacques-
JeanJeanJean-
PhilippePhilippePhilippePhilippe
BarthélemyBarthélemyBarthélemy-
ThomasThomasThomasThomas
MatthieuMatthieuMatthieu-
Jacques (fils d'Alphée)Jacques (fils d'Alphée)Jacques (fils d'Alphée)-
ThaddéeThaddée--
Simon le ZéloteSimon le ZéloteSimon le Zélote-
Judas IscarioteJudas IscarioteJudas IscarioteJudas Iscariote
-Lévi (fils d'Alphée)Lévi-
--Judas (frère de Jacques)Judas
---Nathanaël


D-4.4 Le pain des enfants n'est pas destiné aux chiots :

(Mc. 7,24-29) : "Jésus, étant parti de là, s'en alla dans le territoire de Tyr et de Sidon. Il entra dans une maison, désirant que personne ne le sût; mais il ne put rester caché. Car une femme, dont la fille était possédée d'un esprit impur, entendit parler de lui, et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était grecque, syro-phénicienne d'origine. Elle le pria de chasser le démon hors de sa fille. Jésus lui dit : Laisse d'abord les enfants se rassasier; car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants. Alors il lui dit: à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille."


D-4.5 Jésus s'apprêtant à armer la masse qui le suit :

D'après la Bible, il semble bien que les apôtres s'étaient procuré des armes pour se défendre contre leurs ennemis dans Jérusalem :

"Maintenant, que celui qui a une bourse la prenne, et de même celui qui a un sac, et que celui qui n’a pas d’épée vende son vêtement et s'achète une. Car je vous dis, qu’il faut encore que ce qui est écrit, soit accompli en moi : 'Il a été compté parmi les iniques'. Car aussi les choses qui me concernent vont avoir leur fin. Et ils dirent : Seigneur, voici ici deux épées. Et il leur dit : 'C’est assez'." (Luc 22/36-38).

- Comme on le voit, c'est Jésus lui-même qui demande d'acheter des armes.

 
D-4.6 Et ils se rendent ensuite au Jardin des Oliviers avec leurs épées :

"Alors ceux qui étaient avec Jésus, en voyant ceux qui arrivaient, demandèrent à Jésus, est-ce que nous devons frapper avec les épées?" (Luc 22-49).

En effet, d'après les évangiles, ceux-ci firent usage de leurs armes contre les soldats romains et les gardes du Temple qui étaient venus les arrêter :

"...Et voilà qu'un de ceux qui étaient avec Jésus, étendit la main et tira son épée ; il frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui détacha une oreille" (MT 26-51; Mc. 14-17; Gv. 18-10).

"... Et ceux qui étaient autour de lui, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur, frapperons-nous de l’épée ? Et l’un d’entre eux frappa l’esclave du souverain sacrificateur et lui emporta l’oreille droite." (Lc 22,49-50)

"... Simon Pierre donc, ayant une épée, la tira et frappa l’esclave du souverain sacrificateur et lui coupa l’oreille droite ; et le nom de l’esclave était Malchus." (Jean 18,10)


D-4.7 Jésus est livré :

Finalement, les israélites alertés par les tentatives de Jésus le conduisent progressivement à être amené devant César et être tué. Les accusations à son égard semblent en effet se fonder sur son souhait de s'imposer comme Roi des israélites et de semer le trouble à l'ordre public. Le fait de le condamner avec les brigands va de même en ce sens ?


D-4.8 Les israélites sont pourchassés et le Temple détruit :

La messianité de Jésus est donc bien mise à mal, étant donné qu'il n'a pas régné. Il était censé selon les écritures faire régner le peuple de dieu sur les nations. Or il a apporté la calamité et la destruction. Sa disparition mystérieuse a donc fait couler beaucoup d'ancre.


D-5. L'annonciation selon le Coran :

« Les anges dirent : "0 Marie ! Allah t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de lui : Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches d'Allah. Dès le berceau, il parlera aux hommes, tout comme plus tard, adulte : il sera au nombre des justes". Elle dit : " Seigneur dieu ! Comment aurais-je un fils ? Nul homme ne m’a jamais touchée". Il dit : "Allah crée ainsi ce qu’Il veut : lorsqu’Il a décrété une chose, Il lui dit : "Sois !", et elle est". Allah lui enseignera le Livre, la Sagesse, la Torah et l’Evangile. » (Coran 3, 45-49)

On voit que cette annonce pudique de  Jésus le mentionne comme Messie, et non comme Grand et Fils du Très Haut, les titres de l'Antéchrist selon le manuscrit 4Q246 de Qoumrane [10]. Et que le Coran ne mentionne pas de copulation d'un esprit puissant recouvrant Marie, pour engendrer son fils en son sein. Allah dit : "Sois !" et Jésus naît, simplement.

"... en 1974, certains spécialistes soulignèrent que l'extrait (de 4Q246) publié apportait une preuve de poids : celle qu'un roi terrestre devant venir apporter la paix (Messie) était appelé par les Juifs du Second Temple 'Fils de dieu'... D'autres spécialistes, cependant ont interprété le 'Fils de dieu' du texte comme étant un scélérat, celui qui prend la place de dieu mais est ensuite renversé par 'le peuple de dieu', qui a dieu de son côté. A présent que l'ensemble de l'ouvrage est enfin devenu accessible, une lecture attentive vient confirmer la seconde option, celle de l'Antéchrist. Historiquement, ce texte a sans doute pour toile de fond la persécution des Juifs sous le tyran syrien Antiochos IV durant la période 170-164 avant notre ère. Le deuxième nom que ce roi choisit d'accoler au premier, Epiphane, en grec, apparition, résumait la notion d'un roi humain comme incarnation de dieu. Les prétentions humaines à la divinité n'ont jamais été bien reçues dans le judaïsme et furent l'objet de condamnations sans appel dans les prophéties d'Isaïe (14:12-21) et d'Ezéchiel (28:1-10." [11]



E. Jésus et la Notion de Fils de Dieu :

Le Coran condamne, comme dans le judaïsme l'idée de fils engendré de dieu, et considère cela comme une forme d'association à dieu. De même qu'il condamne la trinité à la suite du judaïsme, qui est considéré comme une abomination dans le monothéisme sémitique [9]. En fait, le Coran s'aligne avec le judaïsme antique et se démarque clairement de l'influence hellène. Ainsi, d'un point de vue historico-critique l'islam apparaît être fidèle aux milieux paléochrétiens des apôtres, tandis que les églises chrétiennes s'en trouvent considérablement éloignées.


E-1. L'usage de l'idée de fils de dieu dans les évangiles est un choix littéraire des scribes.

La lecture minutieuse des évangiles montre en effet que Jésus n'a de fait jamais affirmé être fils de dieu, ce qui eut été un grave blasphème passible de mort. Les esséniens aussi, quoi que l'usage en hébreu ancien permettait d'user du terme Père pour dieu ou de qualifier les enfants d'Israël d'enfants de dieu, répugnaient à user de ces termes, leur préférant le titre de fils de lumière comme cela se note dans le fammeux rouleau de la guerre des fils de la Lumière [12], qui se retrouve de même chez Jésus dans les évangiles, qui aurait dit : "les enfants de ce siècle sont plus prudents à l'égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière(Lc 16,8). Un verset assez caractéristique sur les débats virulents entre les pagano-chrétiens et les judéo-chrétiens au sujet de cette appellation est un passage anachronique figurant dans la version achevée de l'évangile selon Jean, où l'évangéliste fait accuser Jésus par les israélites comme devant mourir à cause de la Loi pour avoir blasphémé se faisant dieu.

(Jn. 19,6-7) : "Lorsque les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s'écrièrent : saisis-le, saisis-le ! Pilate leur dit: Prenez-le vous-mêmes, et saisissez-le ; car moi, je ne trouve point de crime en lui. Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi; et, selon notre loi, il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu."

Cela est clairement anachronique, et comme la scène du jugement de nuit au Sanhédrin à la veille de Pâcques, c'est une élaboration tardive pour justifier le bienfondé du pagano-christianisme. La véritable condamnation et l'accusation de Jésus étant qu'il se ferait Roi, et qu'il sèmerait la discorde parmi les israélites.

(Lc 23,2), (Mt 27,11), (Mc 11,2) : « Nous avons trouvé cet homme en train de pousser notre peuple à la révolte. Il empêche les gens de payer l’impôt à l’empereur. Il dit qu’il est lui-même le Messie, un roi. »

C'est ainsi qu'on rapporte que l'on envoya une personne pour l'interroger au sujet de l'impôt des romains, que Jésus contourna avec intelligence en jetant la pièce d'argent disant : "Donnez à dieu ce qui est à dieu, et rendez à César ce qui est à César", avec la double signification que l'argent de César ne l'intéresse pas, tout en montrant son désintérêt sur son autorité.

Liste des versets dans les évangiles synoptiques où les termes fils de Dieu figurent, avec des passages équivalents où cette formulation disparait dans les autres récits des évangélistes :


D-1.1 Marc, trois occurrences :

(Mc. 1,1) : "Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu."
○(Codex sinaiticus, Mc. 1,1) : "Commencement de l'Évangile de Jésus Christ."

(Mc. 3,11) : "Les esprits impurs, quand ils le voyaient, se prosternaient devant lui, et s'écriaient : Tu es le Fils de Dieu."
○(Lc 4,41) : "Des démons aussi sortirent de beaucoup de personnes, en criant et en disant: Tu es le Fils de Dieu. Mais il les menaçait et ne leur permettait pas de parler, parce qu'ils savaient qu'il était le Christ."

(Mc.15,39) : "Le centenier, qui était en face de Jésus, voyant qu'il avait expiré de la sorte, dit: Assurément, cet homme était Fils de Dieu."
○ (Lc. 23,47) : "Le centenier, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, et dit: Certainement, cet homme était juste."


E-1.2 Mathieu, sept occurrences :

(Mt. 4:3,6) : "Le tentateur, s'étant approché, lui dit: Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains ... et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit: Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet; Et ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre."
○(Mc. 1,12-13) : "Aussitôt, l'Esprit poussa Jésus dans le désert, où il passa quarante jours, tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient."

(Mt. 5,9) : "Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !"
○(Lc. 6,20-24) : "Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit : Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous ! Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés ! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie ! Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme ! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes. Mais, malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation !"

(Mt. 5,29) : "Et voici, ils s'écrièrent : Qu'y a-t-il entre nous et toi, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ?"
○(Mc. 1,24-26) : "Qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. Jésus le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet homme. Et l'esprit impur sortit de cet homme, en l'agitant avec violence, et en poussant un grand cri."

(Mt. 14,33) : "Ceux qui étaient dans la barque vinrent se prosterner devant Jésus, et dirent : Tu es véritablement le Fils de Dieu."
○(Jn. 6,28-22) : "Il soufflait un grand vent, et la mer était agitée. Après avoir ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer et s'approchant de la barque. Et ils eurent peur. Mais Jésus leur dit: C'est moi; n'ayez pas peur! Ils voulaient donc le prendre dans la barque, et aussitôt la barque aborda au lieu où ils allaient. La foule qui était restée de l'autre côté de la mer avait remarqué qu'il ne se trouvait là qu'une seule barque, et que Jésus n'était pas monté dans cette barque avec ses disciples, mais qu'ils étaient partis seuls."

(Mt. 26,63) : "Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu."
○(Lc. 22,66-67) : "Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes, s'assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin. Ils dirent : Si tu es le Christ, dis-le nous. Jésus leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez pas."

(Mt. 27:40-43) : "... en disant : Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix ! ... Il s'est confié en Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime. Car il a dit : Je suis Fils de Dieu."
○(Lc. 23,35) : "Le peuple se tenait là, et regardait. Les magistrats se moquaient de Jésus, disant : Il a sauvé les autres; qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ, l'élu de Dieu !"

(Mt. 27,54) : "Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande frayeur, et dirent : Assurément, cet homme était Fils de Dieu."
○(Lc. 23,47) : "Le centenier, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, et dit: Certainement, cet homme était juste."


E-1.3 Luc, six occurrences :

(Lc. 1,35) : "L'ange lui répondit: Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu."
○(Jn. 1,29-33) : "Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. C'est celui dont j'ai dit: Après moi vient un homme qui m'a précédé, car il était avant moi. Je ne le connaissais pas, mais c'est afin qu'il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser d'eau. Jean rendit ce témoignage : J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et s'arrêter sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, celui-là m'a dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du Saint-Esprit."

(Lc. 3,38) : " ..fils d'Énos, fils de Seth, fils d'Adam, fils de Dieu."
○(Mt. 1,1) : "Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham."

(Lc. 4:3,19) : "Le diable lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu'elle devienne du pain. ... Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple, et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas; car il est écrit.."
○(Mc. 1,12-13) : "Aussitôt, l'Esprit poussa Jésus dans le désert, où il passa quarante jours, tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient."

(Lc. 4,41) : "Des démons aussi sortirent de beaucoup de personnes, en criant et en disant : Tu es le Fils de DieuMais il les menaçait et ne leur permettait pas de parler, parce qu'ils savaient qu'il était le Christ."
○Ce sont des démons qui parlent, Jésus est décrit comme leur interdisant de s'exprimer ainsi.

(Lc. 20,36) : "Car ils ne pourront plus mourir, parce qu'ils seront semblables aux anges, et qu'ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection."
○(Mc. 12,24-27) : "Jésus leur dit : N’êtes-vous pas en train de vous égarer, en méconnaissant les Écritures et la puissance de Dieu ? Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme les anges dans les cieux. Et sur le fait que les morts ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du buisson ardent, comment Dieu lui a dit : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Vous vous égarez complètement. "

(Lc. 22,70) : "Tous dirent : Tu es donc le Fils de Dieu ? Et il leur répondit : Vous le dites, je le suis."
○(Mc. 14,53-64) : "Ils emmenèrent Jésus chez le souverain sacrificateur, où s'assemblèrent tous les principaux sacrificateurs, les anciens et les scribes. Pierre le suivit de loin jusque dans l'intérieur de la cour du souverain sacrificateur; il s'assit avec les serviteurs, et il se chauffait près du feu. Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient un témoignage contre Jésus, pour le faire mourir, et ils n'en trouvaient point; car plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui, mais les témoignages ne s'accordaient pas. Quelques-uns se levèrent, et portèrent un faux témoignage contre lui, disant : Nous l'avons entendu dire : Je détruirai ce temple fait de main d'homme, et en trois jours j'en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'homme. Même sur ce point-là leur témoignage ne s'accordait pas. Alors le souverain sacrificateur, se levant au milieu de l'assemblée, interrogea Jésus, et dit : Ne réponds-tu rien ? Qu'est-ce que ces gens déposent contre toi ? Jésus garda le silence, et ne répondit rien. Le souverain sacrificateur l'interrogea de nouveau, et lui dit : Es-tu le Christ, [le Fils du Béni] (absent chez les autres évangélistes) ? Jésus répondit : Je le suis. Et vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, et dit: Qu'avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Que vous en semble ? Tous le condamnèrent comme méritant la mort. " (Lc. 22,66-67) : "Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes, s'assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin. Ils dirent : Si tu es le Christ, dis-le nous. Jésus leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez pas."

Lorsque nous sélectionnons à travers les quatre évangiles canoniques les versions de toutes les scènes de l'apostolat de Jésus, nous parvenons à entièrement faire disparaître l'usage des termes Fils de Dieu des évangiles canoniques. Tandis que les plus anciens manuscrits d'évangiles encore disponibles ne remontent pas à avant la fin du IIeS. L'absence presque totale des manuscrits hébreu ou en araméen montre combien les anathèmes jetés par les églises pagano-chrétiennes ont eu raison des écrits originaux des apôtres, dont l'histoire rapporte la prêche et les lettres aux fidèles. Les judéo-chrétiens auront ainsi terminé par être assimilés aux musulmans, à s'helléniser ou à être systématiquement éliminés jusqu'à ce que le christianisme forme une religion indépendante du judaïsme.


E-2. Exemples de transformations du texte pour y ajouter les termes fils de dieu.

Dans la Bible on lit aujourd'hui :

(Jean, 1:34) : "Et j'ai vu, et j'ai rendu témoignage qu'il est le Fils de Dieu."

Ces termes "fils de Dieu" se trouvent-ils dans les anciens manuscrits selon Jean ? Un papyrus récemment trouvé (le P106) daté du début du IIIeS ne comporte pas les mots "fils de Dieu", on y lit plutôt "élu de Dieu", c'est la même chose qu'on trouve dans le P5, et également dans le codex sinaiticus, on peu encore lire "élu" dans quelques autres anciens manuscrits. 

On peut lire aujourdh'ui dans Marc :

(Marc, 1:1) : "Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu." 

Par contre le Codex Sinaiticus ne contient pas les termes "fils de Dieu".

Ainsi, il ressort lors de la lecture paléographique et philologique entre les lignes des évangiles que les termes "fils de Dieu" ont été choisis par les évangélistes par choix littéraire et idéologique, sans fonder ces propos dans la bouche de Jésus de façon crédible. C'est bien au fil des conciles sur la nature du Christ que ce titre sera tenu pour un dogme irrévocable sous l'influence culturelle greco-romaine.


E-3. Les conciles sur la nature de Christ et l'influence hellène.

Le Coran mentionne la division au sein du judaïsme après l'avènement de Jésus en ces termes.

(Cor. 42,13-14) : "Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu'Il avait enjoint à Noé, ce que Nous t'avons révélé, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus : 'établissez la religion; et n'en faites pas un sujet de division'. Ce à quoi tu appelles les associateurs leur parait énorme. Allah élit et rapproche de Lui qui Il veut et guide vers Lui celui qui se repent. Ils ne se sont divisés qu'après avoir reçu la science et ceci par rivalité entre eux. Et si ce n'était une parole préalable de ton Seigneur pour un terme fixé, on aurait certainement tranché entre eux . Ceux à qui le Livre a été donné en héritage après eux sont vraiment à son sujet, dans un doute troublant."

(Cor. 23,49-53) : "Et Nous avions apporté le Livre à Moïse afin qu'ils se guident. Et Nous fîmes du fils de Marie, ainsi que de sa mère, un signe ; et Nous donnâmes à tous deux asile sur une colline bien stable et dotée d'une source. Ô Messagers ! Mangez de ce qui est permis et agréable et faites du bien. Car Je sais parfaitement ce que vous faites.Cette communauté, la vôtre, est une seule communauté, tandis que Je suis votre Seigneur. Craignez-moi donc, mais ils se sont divisés en sectes, chaque secte exultant de ce qu'elle détenait."

(Cor. 9,30) : "Les Juifs ont dit : Uzayr est fils d’Allah et les Chrétiens ont dit : Le Christ est fils d’Allah. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse! Comment s’écartent-ils (de la vérité) ?"

Cette imitation fait allusion à l'influence grecque pour Jésus, ainsi que l'influence égyptienne et babylonienne lors de l'exil à Babylone. Le Coran mentionne ainsi les reproches d'Elie aux israélites qui vénèrent Baal en Babylonie. Ainsi Hercule était censé être le fil de Zeus et d'Alcmène dans la Rome antique. De même, sous le joug égyptien comme lors de l'exil en Babylonie, les israélites ont été dominés par les superpuissances de leurs temps. La croyance en l'origine  divine des pharaons, ou Baal, fils de El et d'Achéra. Cet usage polytheiste à été introduite dans le judaïsme antique par acculturation. Ainsi Achéra à été vénérée par les israélites longtemps [13].  Le culte de Jésus fut assimilé à celui d'Héraclès et celui de Mithra. De même dans le mysticisme Merkabah Uzayr (Ezra) était considéré comme assistant du Trône et fils divin [14].



Figurine d'Achéra, très présente sur le territoire palestino-israélien d'après les fouilles archéologiques.


(Cor. 37,123-127) : "Elie était, certes, du nombre des Messagers. Quand il dit à son peuple : "Ne craignez-vous pas [Allah] ?" Invoquerez-vous Baal (une idole) et délaisserez-vous le Meilleur des créateurs, Allah, votre Seigneur et le Seigneur de vos plus anciens ancêtres?" Ils le traitèrent de menteur. Et bien, ils seront emmenées (au châtiment)."







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[1] Babha Bathra 54b.

[2] Babha Kama 113a.

[3] Babha Kama 113b.

[4] Baba Mezia 24a.

[5] Choschen Ham 183,7.

[6] MRI, Ki tissa 1 ; Tos. Shabbat 15:17 ; Yoma 85b.

[7] "Le Judaïsme et le Christianisme antique", Marcel Simon et André Benoit, éditions puf, Nouvelle Clio, p.103.

[8] Shabbat 7,2.

[9] Talmud de Babylone, Sanhedrin 43a.

[10] "Les manuscrits de la mer Morte", Michael Wise, p. 329 ; éd. Perrin, (Paris), 2003.

[11] Michael Wise, "Les manuscrits de la mer Morte", page 329.

[12]  "Règlement de la guerre des fils de lumière" : A. Dupont-Sommer ; Revue de l'histoire des religions  (1955) Volume 148, N° 148-1 pp. 25-43.

[13] Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman, The Bible Unearthed, Free Press (2001) 554 p. ISBN 978-2-07-042939-4.

[14] Steven M. Wasserstrom, Between Muslim and Jew: The Problem of Symbiosis under Early Islam, Princeton University Press 2014. ISBN 9781400864133 p. 184
























2 commentaires:

  1. Bonjour avec tout mon respect ! Dans le Coran "la personne" appeler (AL Khider) par la masse des musulmans et attribuer aux prophète (pbsl) est Appelée par le terme Serviteur vertueux et quand t'ont suit dans le coran ce serviteur vertueux on s'apperssoit qu'ils sajit D'UN SEUL QUE DIEU NOM AINSI ET D'AIYEUR Lui même c'est nommé ainsi serviteur de Dieu etent dans le berceau (jésus ISSA (pbsl) esprit de Dieu ! Dans la sourate Isra l'ascension, elle commence par louange à celui qui a élevé sont serviteurs de la masquée sacrée (Palestine).... J'aimerais qu'ont en partageplus ci ça vous dit ? Mon face book l'archy brams 🙏

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    1. Serviteur vertueux n'est pas un nom propre ou un titre particulier. Jésus aussi était un serviteur vertueux. Pour le mot khidr, c'est en effet ignoré dans le Coran.

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