vendredi 26 décembre 2014

VI. Crucifixion, Rédemption et Islam

A. Introduction :

Le Coran s'inscrit dans une position catégorique concernant le rejet de la rédemption par la Passion, qui est l'un des dogmes fondateurs du monde helléno-chrétien. Il ignore la doctrine du péché originel, inexistante dans le judaïsme, qui est censé selon la doctrine chrétienne souiller l'humanité dans sa nature première. En effet, il rejette non seulement la résurrection de Jésus, mais remet de même en doute sa mise à mort. Le Coran fonde Jésus comme un prophète oint sauvé par son seigneur contre les machinations des israélites ne le soutenant pas, décrits comme le trahissant par la crainte de la répression romaine : (Cor. 61,14). Nous allons voir avec surprise, que le Coran cadre ici encore de façon inattendue avec l'étude paléographique et historico-critique de la question.

Sur le plan sotériologique, le Coran considère ainsi que la pureté de coeur est la nature innée de l'humanité : (Cor. 30,30). Adam et Eve se sont repentis et donc il n'y a pas de péché originel : (Cor. 2,35-37). Le Coran insiste par ailleurs sur ce que personne ne porte le péché d'autrui : (Cor. 53,38). Il n'y a donc pas de baptême en islam. Dieu pardonne strictement tout péché : (Cor. 39,53-54), hormis si une personne est morte polythéiste, laquelle ne sera pas pardonnée : (Cor. 39,65). Mais un repentir du polythéisme absout ce péché  à condition de précéder la mort : (Cor. 2,51-52).

(Cor. 4,48) : "Certes Allah ne pardonne pas qu'on lui donne quelqu'associé. A part cela, il pardonne à qui il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu'associé commet un énorme péché."

(Cor. 39,65) : "En effet, il t'a été révélé, ainsi qu'à ceux qui t'ont précédé : Si tu donnes des associés à Dieu, ton œuvre sera certes vaine ; et tu seras très certainement du nombre des perdants."

(Cor. 4:116) : "Certes, Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Allah s'égare, très loin dans l'égarement."

(Cor. 39:53-54) :  "Dis : Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Car Dieu pardonne tous les péchés. Oui, c'est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux. Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui, avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne recevez alors aucun secours."





B. Date de l'Abolition de la Crucifixion comme Terminus Post Quem des Evangiles :

Un point permettant de réaliser et d'appuyer la thèse d'une rédaction progressive les manuscrits chrétiens, est le fait que les évangiles canoniques témoignent de l'ignorance des procédures de la crucifixion romaine du temps de Jésus, qui ne seront abolies que sous Constantin Ier, semble-t-il en 313. En effet, des descriptions du processus de la crucifixion de Jésus selon les évangélistes témoignent d'une méconnaissance manifeste chez les rédacteurs des usages romains en matière de crucifixion.

La flagellation de Jésus est ainsi décrite par les évangélistes comme un châtiment spécifique à Jésus de la part de Pilate désirant le châtier mais non pas le tuer, alors que la flagellation était un préliminaire fréquent de la crucifixion. Pilate est de même censé amnistier un juif à chaque fête, chose infondée en dehors de la seule affirmation des évangélistes. Pilate aurait même livré Jésus aux Rabbins pour qu'il l'exécutent eux-mêmes, affirmation strictement anti-historique puisqu'une telle autorité n'a jamais été accordée au Sanhédrin, pas davantage qu'un jugement au Sanhédrin de nuit et qui plus est à la veille de Pâques, encore une autre trace d'une élaboration des récits sans support historique crédible, visant à diaboliser les juifs dans un processus d'affranchissement du christianisme naissant de son bassin judaïque fondateur. Ces erreurs historiennes sont aurant d'indices d'une élaboration sur mesure, ressortant en filigrane du fond de ces récits composites que nous détenons, dont deux seuls manuscrits datés parfois comme pouvant remonter à la seconde moitié du troisième siècle font brièvement mention d'un jugement de Jésus, deux écrits qui mentionnent par ailleurs une poutre unique, et non pas une croix.

De même, le récit de trous de clous dans les mains de Jésus, qui est largement représenté dans les statues et peintures de Jésus crucifié sur base des récits des évangiles est une marque palpable d'une élaboration tardive, car les clous étaient plantés dans le poignet, dans l'espace de Destot. Des expériences sur des cadavres ayant montré que les mains ne peuvent pas porter un corps ainsi suspendu et se déchirent laissant tomber le corps. Des corps de crucifiés romains momifiés naturellement ont révélé que les clous étaient bien enfoncés non pas dans la main, comme dans les récits des évangiles, mais au niveau du poignet. De même, des contradictions systématiques sur chaque détail du récit entre les évangiles canoniques témoigne d'une incohérence historique flagrante. Ce qui conduit à poser comme terminus ante quem de ces manuscrit composites remontent à une date ultérieure à 313, qui marque la fin de la peine de la crucifixion.



C. Dissection Du Récit de la Passion :
C-1. Les Failles du Récit de la Passion :

C-1.1 La flagellation, une peine d'humiliation propre à Jésus ?

Les évangiles suggèrent implicitement que la flagellation de Jésus aurait été un châtiment propre à Jésus dans le but de l'humilier, mais sans but de l'exécuter. Or, cette peine était liée aux processus de crucifixion romaine de l'époque. Ce qui témoigne de l'ignorance de cet état de fait au moment de la rédaction des évangiles.

(Luc, 23:10-18) : "Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple. Il leur dit : Vous m’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. Ils se mirent à crier tous ensemble : Enlève cet homme ! Relâche-nous Barabbas. "

(Jean, 19:1-6) : " Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé. Les soldats tressèrent avec des épines une couronne qu’ils lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau pourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : Salut à toi, roi des Juifs ! Et ils le giflaient. Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit : Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le manteau pourpre. Et Pilate leur déclara : Voici l’homme. Quand ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : Attache-le à un poteau ! Attache-le à un poteau ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et attachez-le à un poteau ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation"


La tentative de déverser l'accusation sur les israélites a ainsi conduit à des incohérences comme ci-dessus, où Pilate accepte de châtier Jésus en le faisant fouetter sans lui trouver de crime, et permet aux israélites de le tuer eux-mêmes. Chose impensable, tout comme un jugement imaginaire au sanhédrin une nuit, la veille de la Pâques. Servant d'argument fort devant couper le christianisme naissant de son bassin judaïque fondateur dont il est issu.



C-1.2 Jésus attaché au poteau, un archaïsme révélateur :

Les évangiles mentionnent un poteau unique, nommé tantôt stauros et tantôt xulon, et nullement un crucifix en deux morceaux comme ceux utilisés par les romains. Les manuscrits mentionnent les termes stauros et xulon pour décrire l'instrument de supplice de Jésus :
  • 1. Stauros : Le mot grec rendu par 'croix' dans de nombreuses traductions modernes est 'stauros'. En grec classique, ce terme désignait simplement un poteau dressé, ou un pieu. Rien ne suggère dans les évangiles, même indirectement, que le stauros utilisé pour Jésus était conçu comme autre chose qu'un stauros ordinaire dans l'esprit des rédacteurs et scribes.
  • 2. Xulon : Les Ecritures usent également plus rarement du mot 'xulon', signifiant 'Poutre, pieu, ..., poteau sur lequel les criminels étaient empalés...'.



D'après les évangiles, Jésus n'a pas été crucifié, mais attaché ou cloué à un poteau unique, comme sur la représentation artistique ci-dessus. Ce n'est pas conforme aux usages romains de l'époque.


Les nombreuses contradictions du récit de la passion dénoncent l'invraisemblance du récit, et une construction de toutes pièces. Ainsi on trouve tantôt Jésus porter lui-même son poteau selon Jean : (Jn. 19,27). Tandis que Matthieu, Marc et Luc affirment au contraire qu'elle fut portée par un dénommé Simon, originaire de Cyrène revenant des champs : (Mt. 27, 32, Mc. 15, 21, Lc. 23, 26). Une fois cloué ou attaché, Jésus a pour voisins deux brigands qui l'insultent selon Matthieu (27, 44) et Marc (15, 32) alors que Luc (23, 39-43) dit qu'un seul des deux l'insultait pendant que l'autre le défendait. Les paroles de Jésus avant d'expirer présentent quatre version distinctes. Après avoir expiré, les évangiles content que Jésus fut enveloppé dans un linge. Ce linge est un linceul d'après Matthieu (27,59), Marc (15, 46) et Luc (23, 53) mais des bandelettes selon Jean (19,40 et 20,5-6). La confusion est générale quand Luc parle lui aussi de bandelettes (Luc 24,12). Jean évoque aussi un linceul mais il est destiné uniquement à envelopper la tête du crucifié (Jean 20, 7). Les plus anciens écrits mentionnant la passion ne remontent pas à avant le IIIeS, bien après les événements censés s'être déroulés.


C-1.3 Jésus, attaché ou cloué ?

(Jean, 20:24-25) : "Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : Nous avons vu le Seigneur ! Mais il leur déclara : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! "

(Jean,19:6) : "Cependant, lorsque les prêtres en chef et les agents le virent, ils crièrent en disant : Attache[-le] sur un poteau ! Attache[-le] sur un poteau ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes et attachez-le sur un poteau, car moi, je ne trouve pas de motif de condamnation en lui. "


Les évangiles suggèrent tantôt Jésus attaché au poteau, tantôt cloué dessus. Ce qui témoigne pour le moins de manipulations scripturaires évidentes, dévoilées par le récit final composite. Cela dénonce une composition progressive de toutes pièces de la scène selon les rédacteurs. Il aurait été totalement inutile de clouer et d'attacher à la fois, mais cela est une trace de l'écriture de la scène de façon indépendante pour lui attribuer un certain niveau de réalisme. Mais conduisant à des contradictions dénonçant l'écriture tardive des récits, qui apparaissent à partir du IIIeS, sans aucun témoignage direct identifiable, ni pertinent.


C-1.4 Des trous dans les mains de Jésus ?

Jean présente Jésus avec des trous dans les mains. Affirmation également erronée, étant donné que les romains plantaient les clous non pas dans les mains, mais bien au niveau du poignet. Ce qui renforce les indices montrant une rédaction tardive ou tout au moins une réécriture postérieure à 313 au IVeS.

(Jean, 20:26-27) : "Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : La paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. "


Radiographie d'un clou planté dans l'espace de Destot par le Dr Willis. Le clou était bien enfoncé au niveau du poignet, et non dans la main comme prétendu par Jean. Ce qui témoigne que ce passage de Jean ne peut pas remonter à avant 313, date à laquelle la crucifixion a été abolie chez les romains.



C-1.5 Siège du sanhédrin la nuit, à la veille de Pâques ?

Une des nombreuses incohérences témoignant de l'ignorance de l'époque de Jésus est l'affirmation que Jésus eût été conduit au Sanhédrin, de nuit à la veille de Pâques. Accusation typique visant à diaboliser les israélites qui défendent la validité de l'ancienne alliance de Moïse, et encadrés par les accusations de Jésus sur leurs penchants de coeur mauvais, accusations véhémentes cadrant quant à elles, plutôt mieux, avec la tradition biblique antérieure typique à travers les écrits des anciens (nevi'im et ketouvim).


C-1.6 La libération d'un condamné à l'occasion de Pâques ?

(Mt 27,15-17) : "Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur fut très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant donc rassemblées, Pilate leur dit : Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus, appelé le Christ ?"

Cette affirmation est une affirmation propre aux évangiles à partir de manuscrits remontant à au plus tôt le IIIeS, qui n'est pas confirmée par les données historiques. C'est l'une des traces du récit de la crucifixion qui porte la marque d'une élaboration imaginaire dans les couches populaires au fil du temps qui est infirmée par la critique historique.
          

C-1.7 Pilate demandant aux Rabbins d'exécuter Jésus d'eux-mêmes ?

(Jn 19,6) : "Quand ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : Crucifie-le ! Crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation."

Cette affirmation aussi est une preuve de la recherche à diaboliser les juifs, parceque ceux-ci n'avaient pas le droit de mettre à mort sous la domination romaine.



C-1.8 Anachronismes des récits et source Q :

Une des nombreuses incohérences dénonçant la rédaction progressive des récits qui n'échappe pas aux regards attentifs consiste en les nombreuses incohérences chronologiques. En effet, toute la carrière de Jésus, depuis la date de sa naissance, en passant par le début de sa carrière et jusqu'à sa disparition est parsemée de très nombreuses contradictions.

Ainsi, Jésus serait né au temps du roi Hérode le Grand (m. -4) : (Mt 2,1). Pendant un recensement général ordonné par Auguste, dont aucune mention historique n'est fondée : (Lc 2, 1). Pendant que Quirinius (en fonction à partir de 6) était gouverneur de Syrie (Lc 2, 2). Ainsi, la date de la naissance fictive ne correspond pas à une chronologie cohérente, battant entre -4 et +6.

(Lc. 3,1) : "La quinzième année du règne de Tibère César, lorsque Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque de l'Iturée et du territoire de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l'Abilène.[1]

Pilate était procurateur de Judée (pas gouverneur) de 26 à 36 et Tibère m, empereur de 14 à 37. Par conséquent, Luc fait commencer la prédication de Jésus en 29, quinze ans après l'entrée en fonction de Tibère.

Suivant les évangiles synoptiques, la prédication de Jésus dure une année et s'achève avec sa mise à mort. Jean soutient quant à lui que son ministère connaît 3 pâques, soit 3 ans. Or, un indice historique se retrouve en la personne de Jean Baptiste. Ce dernier apparaît ainsi baptisant Jésus, et finit par être arrêté et décapité (Mt 14, 1-20). Pour rajouter aux ambiguïtés, Mathieu présente le Baptiste envoyant un disciple interroger Jésus sur sa messianité : (Mt 11,2-5). Nous tenons néanmoins de l'historien Flavius Josèphe que Jean Baptiste fut mis à mort vers 35 à 36 étant accusé d'agitation sociale après l'assassinat de son frère Philippe le Tétrarque entre l'an 34 et la mort de Tibère en 37. L'évangéliste Luc mentionne cet enfermement en le justifiant par une raison d'adultère : (Lc 3,19-20). Or, la date de sa mise à mort est indécise. Jésus devant mourir après Jean Baptiste, en l'an 36 au plus tôt. Que Pilate ait condamné Jésus en l'an 36 reste historiquement possible selon les synoptiques. Mais selon Jean, l'arrestation de Jean se déroule lors de la première année du ministère de Jésus : (Jn 3,24). Alors, il faut rajouter 2 ans, ce qui nous amène en l'an 38 sous l'empereur Caligula. A cette date, Pilate se trouve renvoyé à Rome et n'a pas pu juger Jésus. Par ailleurs, aux nombreuses incohérences bibliques, des versions extra-bibliques se rajoutent d'autres versions. Or, la canonisation des synoptiques et les destructions d'évangiles incompatibles, après conciles et anathèmes, visait à construire une certaine cohérence, alors que des versions très diverses contemporaines de ces écrits nous sont rapportés dans les écrits apostoliques.

"Eusèbe de Césarée mentionne un rapport de Pilate à Tibère qui fait mourir Jésus en +21. Or Pilate n'était pas procurateur à cette époque.

Pour Tertullien (150-220) dans Ad Nationes VII, les chrétiens sont connus sous ce nom depuis l'empereur Auguste. Or Auguste est mort en +14. Comment donc peut-on avoir des chrétiens alors que Jésus ne prêche pas encore ? Si Tertullien se trompe dans les dates au IIIe siècle, comment pouvons-vous continuer à croire que les Evangiles étaient fixés à cette date et que lisait Tertullien dans l'Evangile Selon Luc ?

Pour l'Eglise de Jérusalem dirigée par Alexandre au IIIe siècle, et en se basant sur les "indications chronologiques apostoliques" disponibles, Jésus serait né en +9, baptisé en +46 et mort sous Néron en +58 (Reinach, Harnack) ce qui rejoint Jean 8,57 qui dit que Jésus n'a pas encore 50 ans.

Papias (70 - 155) , un des plus anciens père de l'Eglise, affirme que Jésus serait mort à 69 ans. Mais quand, cela personne ne le sait et il tient ça d'un certain Jean le Presbytre.

Selon Irénée (vers 170), dans sa Démontrations de la prédication apostolique (74,247-248), Jésus serait mort sous l'empereur Claude (41-54) et "proche de la cinquantaine, et touchant à la vieillesse" . Il tenait cette information de Polycarpe, un des 4 père apostoliques (ayant connu les Apôtres).

Selon Origène (185/253) dans Contre Celse, I, 58, c'est Hérode le Tétrarque (le contemporain de Pilate) qui aurait reçu les Rois Mages... Mais selon les Actes des Apôtres, Hérode meurt "rongé de vers" (12,23) après les aventures de Jésus. Selon Flavius Josèphe, historien Juif du 1er siècle, (Guerre des Juifs, I,33.5), c'est Hérode le Grand qui est mort ainsi en -4. Ce qui est contrariant c'est que le terme "Tétraque" donné dans l'Evangile selon Matthieu et celui selon Luc est un anachronisme. Ce titre grec est ignoré des historiens romains. Il n'existe pas à Rome au temps d'Auguste. La dignité de tétrarque y est créée en 335 de l'ère julienne (291 de notre ère) quand l'empire est divisé en 4 principats que gouvernent Dioclétien, Maximien, Galère et Constance Chlore. Sans doute cette division de la Palestine a-t-elle été suggérée par une plume pieuse dans l'œuvre de Flavius Josèphe, premier auteur à appliquer l'appellation de tétrarchie à un territoire sous l'autorité romaine. Tromperie d'autant plus évidente qu'à l'origine, chez les Macédoniens, le tétrarque est le chef d'une décurie de laphalange, et que la tétrarchie évangélique apparaît lors du partage du territoire d'Hérode entre ses 3 fils. Flavius Josèphe écrit que César (Auguste) attribue le titre de gouverneur et la moitié du royaume à Archélaos et divise l'autre moitié en « deux tétrarchies » l'une à Philippe, l'autre à Antipas. On imagine mal Auguste désigner en grec une subdivision administrative de Rome.

Victorin de Pettau (mort en 303) nous annonce ceci : « Le 8 des calendes de janvier (25 décembre) est né notre Seigneur Jésus-Christ, sous le consulat de Sulpicius Camerinus, et il a été baptisé le 8 des ides de janvier (6 janvier) sous le consulat de Valerianus Asiaticus. Il a souffert la passion le 10 des calendes d'avril (23 mars), alors qu'étaient consuls Néron pour la troisième fois et Valerius Messala »

Jésus serait né donc sous Sulpicius Camerinus en +9 quand il était consul (Suétone, Vie de Vespasien, II, 1), baptisé en +41 ou +46 sous le consulat de Valerianus Asiatacus et mort sous le consulat de Messal soit en +58 selon Tacite (Tacite, Annales, XIII, 34,1)

Epiphane de Salamine (315/403), nous rapporte dans son Panarion 29, une secte chrétienne qui affirmait que le Messie était mort sous Alexandre Jannée vers -80. Tertullien avec ses chrétiens en +14 aurait-il raison ?

Selon Jérôme de Stridon dit Saint Jérôme (Tableau des Ecrivains Ecclesiastiques voir ici), Paul serait mort la 2e année du règne de Néron soit la vingt-deuxième année de la Passion du Christ. Néron ayant commencé à régner le 13 octobre 54, sa deuxième année est donc en 56, ce qui nous donne la Passion en +34. Mais là où on ne comprend plus c'est que Jérôme fait mourir Paul le même jour que Simon Pierre à savoir "la quatorzième et dernière année" du règne de Néron soit en 68 tout en précisant pour Paul que c'était "37 ans après la Passion du Seigneur". Un calcul nous donnant 68 -37 étant égal à 31, Jérôme réussit le tour de force de faire mourir le Christ en +31 et en +34. En attendant, les informations de Pierre à Rome par Jérôme contredisent le Nouveau Testament qui n'en parle absolument pas. La seule géolocalisation donnée par les Actes des Apotres pour Pierre est à Jérusalem et Antioche. Quand à ses 2 lettres que nous possédons, ce sont des écrits non authentiques (même si Jérôme affirme le contraire) avec une seule référence d'une personne à Babylone et non à Rome (à moins d'y trouver une critique théologique alambiquée...). Jérôme n'explique pas comment les Juifs de Rome par Paul ne connaissent rien à Jésus (Actes 28) alors que Pierre est soi-disant le pape sur place depuis 19 ans.

Grégoire de Tours, évéque du 6e siècle, prétend dans son Histoire des Francs, livre I que Jésus naquit la 43ème année du règne d'Auguste (soit en +17) et meurt la 17ème année du règne de Tibère (+31). Pilate aurait donc crucifié un gamin de 14 ans ! Vous me direz que Grégoire de Tours n'est pas très fiable car il déclare aussi : "Beaucoup pensent que Pilate était manichéen". Elle suppose, dans l'esprit de celui qui l'exprime, que le manichéisme précède le christianisme. Pour la petite histoire, Mani, l'envoyé perse de Dieu, verrait le jour vers 216 sous le règne de Caracalla, l'empereur né à Lyon. Grégoire ne doit pas très bien connaître la vie de Mani ou bien, ne disposant pas de l'ère chrétienne, il ignore l'histoire de Rome. Mais l'évêque tourangeau précise : "Un grand nombre croient qu'il était manichéen d'après ce qu'on lit dans l'évangile : "quelques-uns vinrent dire à Jésus ce qui s'était passé touchant les Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à ceux de leurs sacrifices." il s'agit ici du premier verset actuel du chapitre 13 de l'évangile de Luc. A quels sacrifices laissant présumer de l'appartenance manichéenne de Pilate est-il ici fait allusion ? Dans tous les cas au 6e siècle, Grégoire de Tours ne possède pas l'Evangile de Luc "officiel" que nous possédons.

Rajoutons qu'Arnobe, un apologète chrétien du IIIe siècle, fustigeait les païens qui célébraient un jour spécifique pour la naissance de leur dieu. De toute évidence pour lui, Jésus n'avait pas de jour de naissance. Ce qui est normal pour un dieu, moins pour un homme né d'une vierge que l'on aurait divinisé selon les historicistes." [2]



En élaguant les évangiles de toutes les contradictions, on retrouve ce qui devrait se rapprocher de l'hypothétique source Q, ou logias qui consistaient en les sagesses et paraboles attribuées à Jésus en personne. Les récits périphériques étant finalement brodées au gré des besoins au fil des siècles jusqu'à aboutir à une série de manuscrits composites contenant de profondes incohérences clairement insolubles.


C-1.9 Rédaction progressive du récit de la crucifixion, processus midrashique :

Une confusion entre la peine Juive antique transmise dans la tradition orale qui consistait à empaler, ou attacher à un poteau semble avoir servi aux évangélistes après l'abolition de la peine de la crucifixion en 313 par Constantin le grand, conduisant ainsi à des adaptations des récits pour augmenter leur crédibilité, mais générant au contraire des anachronisme insolubles. En effet, les seuls passages fragmentaires estimés parfois pouvoir remonter à avant la date critique de l'an 313 marquant l'abolition de cette peine chez les romains, qui mentionnent la condamnation de Jésus que nous détenons consistent en deux manuscrits, ce sont le Papyrus 75 (Luc,23:1-56), et le Papyrus 125 (Jean,19:17-18;25-28). Ceux-ci mentionnant un poteau unique et font un récit très fragmentaire, nous allons en traiter infra.

En fait, la condamnation à mort de Jésus semble en très grande partie absente jusqu'à l'an 313 au moins, et le récit de la crucifixion apparaît après une analyse structurale et paléographique comme une élaboration de type midrashique sur base de la Bible. En effet, tous les détails de la scène de la passion se retrouvent dans les écrits anciens et les nombreuses contradictions des quatre évangiles sur la prétendue crucifixion dénoncent ces manipulations qui se révèlent par les récits composites. Ainsi, tous les détails de la crucifixion sont une reprise textuelle de récits bibliques. La trahison, les 30 pièces, l'abandon des disciples, la crucifixion avec des brigands, le raillement, les meurtitrissures, les insultes et crachats, amis à l'écart, mains et pieds percés, os non brisés, une côte percée, ténèbres et enterrement dans la tombe d'un riche. Bref le récit entier ressort comme une élaboration à partir du IIIeS sur base de récits bibliques. Cela ne doit pas être tenu pour une manipulation malhonnête, car pour un fervent chrétien, la réalisation des prophéties en Jésus devait sembler tant évident que puiser dans la Bible pour combler les lacunes des récits et présenter ce grand personnage devait sembler aller de soi. Néanmoins, les innombrables contradictions du récit de la crucifixion, son élaboration tardive à partir du IIIeS et le fait de leur fondement systématique dans l'Ancien Testament dévoile une composition sur mesure de toutes pièces dans un long processus de type midrashique. Une tradition talmudique fait de même une mention différente du récit des évangiles :

« La tradition rapporte : la veille de la Pâque, on a pendu Yeshu. Un héraut marcha devant lui durant quarante jours disant : il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Que ceux qui connaissent le moyen de le défendre viennent et témoignent en sa faveur. Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et donc on le pendit la veille de la Pâque. » :

Cet autre récit, également postérieur au IIIeS témoigne de la diversité et des incohérences des récits sur la condamnation à mort de Jésus.


Voici des passages de la Bible qui ont servi à la composition de toutes pièces de la scène de la crucifixion :


1. Trahi par un amiPs 41:9Jn 13:18-27
2. Vendu pour 30 pièces d'argentZach 11:12Mt 26:14-15
3. 30 pièces jetés dans le TempleZach 11:13Mt 27:3-5
4. 30 morceaux pour acheter un domaineZach 11:13Mt 27:6-10
5. Abandonné par ses disciplesZach 13:7Mc 14:27+50
6. Accusé par de faux témoinsPs 35:11+20-21Mt 26:59-61
7. Silencieux face aux accusateursEssaïe 53:7Mt 27:12-14
8. Blessé et meurtriEssaïe 53:4-61 Pet 2:21-25
9. Battu et craché sur luiEssaïe 50:6Mt 26:67-68
10. RailléPs 22:6-8Mt 27:27-31
11. Tombé sous la croixPs 109:24-25Jn 19:17; Lk23:26
12. Les mains et les pieds percésPs 22:16Jn 20:24-28
13. Voleurs crucifiés avec luiEssaïe 53:12Mt 27:38
14. Prié pour ennemisEssaïe 53:12Lc 23:34
15. Rejeté par son propre peupleEssaïe 53:3Jn 19:14-15
16. Détesté sans causePs 69:4Jn 15:25
17. Ses amis se tenaient à l'écartPs 38:11Lc 22:54;23:49
18. Les gens secouent la têtePs 22:7;109:25Mt 27:39
19. Les gens le dévisagentPs 22:17Lc 23:35
20. Ses habits partagés et tirés au sortPs 22:18Jn 19:23-24
21. A eu très soifPs 22:15Jn 19:28
22. Du vinaigre lui est offertPs 69:21Mt 27:34
23. Cri d'abandon à DieuPs 22:1Mt 27:46
24. S'est sacrifié à DieuPs 31:5Lc 23:46
25. Ses os non brisésPs 34:20Jn 19:32-36
26. Coeur briséPs 69:20;22:14Jn 19:34
27. Une de ses côtes est percéeZach 12:10Jn 19:34+37
28. Ténèbres s'abattant sur terreAmos 8:9Lc 23:44-45
29. Enterré dans la tombe de l'homme richeEssaïe 53:9Mt 27:57-60



C-2. Le Coran et La Crucifixion de Jésus :

C-2.1. Les Versets Coraniques :

(Coran, 3:55) : "(Rappelle-toi) quand Allah dit : 'Ô Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre t'élever vers Moi, te débarrasser de ceux qui n'ont pas cru et mettre jusqu'au Jour de la Résurrection , ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui ne croient pas. Puis, c'est vers Moi que sera votre retour, et Je jugerai, entre vous, ce sur quoi vous vous opposiez'."

(Coran, 4:156-159) : "Et à cause de leur mécréance et de l'énorme calomnie qu'ils prononcent contre Marie, et à cause leur parole : Nous avons vraiment tué le sauveur oint, fils de Marie, le messager de Dieu. Or, ils ne l'ont pas tué ; ils ne l'ont pas crucifié cependant nous leur fîmes sembler ainsi ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont pas tué de façon certaine, mais Dieu l'a élevé vers Lui. Et Dieu est Puissant et Sage. Il ne restera personne, parmi les gens du Livre, qui n'aie la foi en lui avant sa mort . Et au Jour de la Résurrection , il sera témoin contre eux."

C-2.2 Version d'ibn Abbas selon un chrétien mystérieux et fantôme de Jean Damascène :

Les exégètes se sont fondés sur des témoignages obscurs au sujet de ce passage, et ont penché à y voir une dénégation complète de la crucifixion. Les analystes soutiennent que les chaînes de transmissions de ces récits montrent que ces assertions ne remontent pas au Prophète, mais chez des chrétiens chez qui on retrouve des versions contradictoires, ce serait Judas, Simon de Sirène, Thomas etc., qui aurait été condamné en lieu et place de Jésus.

Jean Damascène écrit quant à lui ceci : "Et, selon lui (Muhammad), les juifs, au mépris de la Loi, voulurent le mettre en croix, et, après s’être emparés de lui, ils n’ont crucifié que son ombre. Le Christ lui-même, dit-il, ne subit ni la croix ni la mort. En effet Dieu l’a pris près de lui dans le ciel, parce qu’il l’aimait."


C-2.3 Les différentes exégèses musulmanes médiévales du verset 4:156-159 :
(Liste des interprétations du verset sur la crucifixion)


Si nous synthétisons, nous trouvons ainsi trois grands axes d'interprétations : 1/ une personne a été substituée à Jésus, ou 2/ le corps de Jésus a été crucifié mais non son âme, ou alors 3/ il s'agit de la réfutation de sa mise à mort par les israélites, tandis qu'Allah lui-même aurait fait tout cela selon son dessein.


C-2.4 Le mot clé شبه :

Le mot clé de ce passage qui soulève tant de discussions est dérivé de la racine شبه . Cette racine est comme la plupart des mots arabes polysémique : Sens du terme شبه en français.

Elle est porteuse des sens : idée de comparaison, d'analogie, de ressemblance, de symbole, de parenté, d'assimilation, d'ambiguïté, d'équivoque, de rapport, de similarité, de comparabilité, d'apparentement, de conformité.
شبه ; peut signifier respectivement "cela leur est apparu comme tel", "il a été rendu semblable", "il a été confondu pour eux" ou "il a été similaire pour eux"... (Maurice Glotton)

C-2.5 Le schème fu'ila :
.
La première voyelle de la forme en fu'ila du terme coranique marquerait une diathèse subjective ou objective. Ce qui revient à dire que l'interprétation du remplacement de Jésus sur base des versets (4,156-9) n'est qu'une des interprétations possibles.

Selon le Coran, Jésus ne serait pas mort et n’aurait pas été crucifié vraiment mais cela aurait semblé être ainsi. En fait, ce passage contient un terme particulièrement ambigu "chubbihalahum" qui n'a pas d'équivalent linguistique en langue française. Le schème fu'ila[lahum] est une diathèse objective ou subjective. La racine "شبه du procès est par ailleurs polysémique, ce qui conduit à un dilemme quant au rôle sémantique en rapport à l'actant et au procès, le sème de la racine trilitère indéterminée "شبه " est également non défini : pouvant aussi bien être un état, un résultat ou une autre fonction. Cette triple ambiguïté est manifestement recherchée puisqu'elle est doublement appuyée par les termes "ils sont dans l'incertitude" et "ils n'en ont aucune connaissance certaine, que des rumeurs". Tandis que la fin du passage permet une certaine accroche soulignant "ils ne l'ont pas tué de façon certaine", permettant une certaine focalisation sémantique sur la nature de l'actant et du procès. Cette dernière phrase montrant donc qu'il y a bien eu une chose au sujet de Jésus, mais qu'il n'est pas mort vraiment. La thèse d'une influence docétiste n'est donc pas très pertinente sur base du texte source du Coran qui a une portée sémantique beaucoup plus étendue.


C-2.6 Sens du mot صلب  rendu par crucifixion :

Un autre point qui semble ne pas avoir été étudié à ce sujet est le mot صلب  rendu par crucifixion. Or, ce terme qui est utilisé dans le Coran et rendu par l'idée de crucifixion sur une croix a un sens précis sur le plan linguistique et étymologique, celui de laisser cuire et sécher au soleil ou d'empaler. Ce terme est l'équivalent du terme צליבה en hébreu qui a cette même portée sémantique sur le plan étymologique. Enfin, en araméen aussi le terme ܨܠܝܒܐ signale l'idée de griller, de rôtir. Ces trois termes arabe, hébreu et araméen sont phonologiquement parents et dérivent clairement d'une racine commune, et l'idée du sème d'origine est de faire rôtir au soleil, de laisser déshydrater. Ce qui explique que le mot ait conduit à l'usage du terme dans des sens aussi divers qu'attacher à un poteau, d'empaler, ou encore de crucifier, le sens primitif étant le châtiment consistant à exécuter en laissant déshydrater et rôtir sous le soleil.

On rapporte que Néron fit ainsi crucifier des milliers de chrétiens et fit de même enduire les corps de résine pour les faire flamber la nuit pour éclairer. De même, la peine ne s'abrégeait pas rapidement, mais les condamnés étaient laissés sous le soleil et leur mort lente pouvait durer jusqu'à plusieurs mois d'après les témoignages historiques. Il ressort de cette analyse que la remise en question du Coran ne suggère pas un rejet de pendaison, mais bien la négation du supplice consistant à laisser mourir en rôtissant sous le soleil.

Dans un hadith, ce sens de griller au soleil de la racine صلب  du verset étudié se retrouve en ces termes, d’après Anas ibn Malik : "Des gens de Urayna vinrent à Médine trouver l'Envoyé d'Allah et comme ils eurent très mal au ventre, l'Envoyé d'Allah leur dit : 'Si cela vous convient, allez boire du lait et de l'urine des chamelles de l'aumône'. En suivant son conseil, ils se rétablirent, mais ils tuèrent les bergers, revinrent sur leur foi, et s'emparèrent des chameaux de l'Envoyé d'Allah. Aussitôt mis au courant, le Prophète dépêcha sur leurs traces des hommes qui les rejoignirent et les ramenèrent. Il ordonna alors de leur couper les mains et les pieds, de leur crever les yeux au fer rouge et de les laisser à al-harra où ils périrent [3].Ce hadith fait mention de la peine des apostats et rebelles du verset suivant : "La contrepartie de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s' efforcent de semer la corruption sur la terre, cest qu'ils soient tués, ou يصلّبو (grillés sous le soleil), ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l'ignominie ici-bas; et dans l'au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment."  : (Coran, 5 : 33).

L'analyse lexicologique du châtiment administré à ces rebelles montre que le terme al-harra rendu comme le nom d'un site est à comprendre dans le sens littéral, c'est-à-dire celui d'être abandonné sous la chaleur ardente à mourir en grillant. L'éloignement sémantique a conduit les commentateurs à penser que ce terme désignait un site géographique [4]. L'abandon des criminels à la chaleur ardente selon ce hadith est donc l'application de la pratique du صلب  consistant à laisser griller au soleil dans la sémantique de l'époque du Prophète.

Les récits sur les visions de Jésus sont de même élaborés très progressivement, tandis que la disparition du corps de Jésus est le seul point faisant l'unanimité. Ainsi, l'évangile tenu pour le plus ancien, selon Marc, s'arrête à la disparition de Jésus de la caverne dans les plus anciens manuscrits.

Enfin le troisième mot clé du passage est le terme لكن qui signifie "malgré tout", "néanmoins". Ce terme revient sur la négation de l'idée qui précède (le fait de faire rôtir au soleil) et affirme que malgré cela, une chose a néanmoins eu lieu. En effet لكن est composé des termes ل et كن. Signifiant respectivement, étymologiquement "certes" et "cela a eu lieu". Ainsi, il ressort que Jésus n'a pas été exécuté en étant laissé rôtir et sécher au soleil, mais qu'une chose a bien eu lieu.

Or, il est permis de comprendre à la lecture des évangiles que Jésus a été descendu de la croix en raison du sabbat et de la pâque, alors que ses jambes n'ont pas été brisées. Du fait qu'un soldat enfonce un javelot entre ses côtes conduisant peut-être à purger la plèvre accumulée à cause de la souffrance gênant sa respiration, il aurait pu avoir été descendu du poteau sans griller au soleil, ayant été tenu erronément pour mort. Le fait que Jean rapporte que de l'eau et du sang auraient coulé à ce moment montre que Jésus a ainsi pu respirer une fois descendu de la croix, tandis que les autres condamnés auraient eu les jambes brisées afin de précipiter leur mise à mort. Jésus n'aurait dont pas été mis à mort sur la croix, et aurait pu rester vivant.


C-2.7 Ils ont fait un stratagème et Allah a fait un stratagème :

مَكَرُواْ وَمَكَرَ اللّهُ وَاللّهُ خَيْرُ الْمَاكِرِينَإِذْ قَالَ اللّهُ يَا عِيسَى إِنِّي مُتَوَفِّيكَ وَرَافِعُكَ إِلَيَّ


(Cor. 3,54-55) : "Et ils [les autres] se mirent à stratégier. Allah aussi stratégie. Et Allah est le meilleur de stratèges ! (Rappelle-toi) quand Allah dit : Ô Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre t’élever vers Moi.."

Ce passage du Coran permet d'envisager un événement similaire à une mort pour Jésus qui divise les exégètes. En effet, le Coran permet littéralement de penser que Jésus ait semblé mourir ou qu'il ait passé un état de syncope ou de sommeil profond que le Coran considère comme une forme de mort : (Cor. 39,42). Mais il nie sa mise à mort certaine en le laissant griller au soleil, qui est le sens étymologique et sémantique du terme صلب  rendu par crucifixion. Mais qu'a-t-il donc pu se passer dans ce cas suivant le Coran ?

D'après les écrits, il est permis de penser que Jésus ait semblé mourir au bout de trois heures seulement, et qu'un soldat romain le tenant pour mort enfonçât pour vérifier qu'il ne réagit pas un javelot entre ses côtes, qui ait pu s'ensuivre de la coulée de ce qui est décrit selon Jean comme de l'eau et du sang.



La plèvre libéré par le javelot a plausiblement sauvé la vie de Jésus, dont la disparition mystérieuse demeure une énigme pour les historiens.


D'un point de vue clinique, et historico-critique, il ressort que les condamnés ne mouraient que dans une très lente agonie pouvant durer des semaines à rôtir sous le soleil. Les deux autres condamnés encore éveillés à ce moment sont achevés en leur brisant les jambes en raison du sabbat, affirmation néanmoins douteuse quant on sait que des dizaines, voire des centaines de condamnés étaient crucifiés en masse et restaient ainsi à souffrir pendant des semaines à griller sous le soleil. Tandis que si le récit selon Jean a un fondement historique, il est permis de penser que de la plèvre évidée par le javelot a pu permettre à Jésus de mieux respirer en sorte de survivre une fois entreposé dans une caverne aérée par un certain Joseph. Un concours de circonstances ayant ainsi pu épargner à Jésus la mise à mort en grillant au soleil in extremis. Jésus aurait été descendu du poteau de nuit, après trois petites heures de souffrance, en raison d'un interdit de laisser un condamné sur le poteau la nuit du sabbat, ou plus vraisemblablement en raison d'un séisme survenu ayant conduit à précipiter leur exécution. Ses jambes n'auraient pas été brisées comme il se serait évanoui, alors même que les deux autres condamnés seraient encore conscients. Le coup de javelot a pu libérer la plèvre pouvant permettre à Jésus de récupérer. Et son entrepôt dans une caverne d'où il disparaîtra des regards à l'occasion du sabbat sera le dernier élément rapporté de façon vérifiable dans les plus anciens manuscrits disponibles.

Après une lecture sémantico-historique du Coran, il est donc permis de penser que le Coran soutient que Jésus n'est pas mort rôti au soleil, mais qu'une chose similaire s'est réalisée, sans que Jésus ne soit véritablement exécuté sur la croix. Ainsi, c'est la prétendue mort et résurrection de Jésus qui ressortent comme rejetées, et non sa mise au poteau provisoire. Mais il demeure également probable qu'aucune forme de condamnation n'a eu lieu du tout.


C-2.8 Symbolisme :

Ce passage mentionnant la scène de la crucifixion (4,157) est à comparer à un autre passage (8,17) pour en saisir le symbolisme.

مَا قَتَلُوهُ وَمَا صَلَبُوهُ وَلَكِن شُبِّهَ لَهُمْ

مَا رَمَيْتَ إِذْ رَمَيْتَ وَلَكِنَّ اللّهَ رَمَى


La construction des deux versets montre un parallélisme logique, qui intègre l'ambiguïté sur ce qui est fait et ce qui ne l'est pas vraiment. Comme pour le second verset où il est question du lancer de sable par le Prophète, qui est dénié, le premier verset mentionne la crucifixion de Jésus et le dénie : dans les deux cas le symbolisme est évident : il y a bien eu lieu d'un fait, mais qui a été mal interprété.


C-2.9 Hypothèse radicale, il n'y a que des rumeurs :

(Cor. 4,157): "Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des rumeurs et ils ne l'ont pas tué de façon certaine, mais Dieu l'a élevé vers Lui. "

Selon l'étude minutieuse des évangiles et l'analyse paléographique et philologique de la question, il ressort que la crucifixion peut être une simple rumeur ayant suivi la disparition mystérieuse de Jésus. L'absence des apôtres lors de sa mise à mort et la question de son abandon au moment de l'arrestation peuvent témoigner de l'émergence d'une telle croyance. De même que la thèse du jugement au sanhédrin en pleine nuit la veille de Pâques, ou son enlèvement mystérieux par un certain Joseph, ou encore l'accusation des apôtres de l'avoir enlevé. Même la mort de Judas semble souffrir de nombreuses rumeurs... Les nombreuses contradictions au sujet des récits de la passion et leur composition de type midrashique rajoute à plus de deux siècles d'absence écrit au sujet de la prétendue mort de Jésus semblent permettre de penser que la condamnation puisse être une élaboration de toute pièce, sans même aucun fondement historique, hormis la disparition mystérieuse de Jésus.

En effet, les manuscrits ont subi de nombreuses adaptations, or le personnage mystérieux nommé Barabbas qui surgit comme un brigand au moment de la crucifixion est nommé Jésus dans le manuscrit Bodmer. Des chercheurs soulignent que Bar-Abbas signifie fils du père, ce qui sera un qualificatif de Jésus dans certains milieux pagano-chrétiens. Il apparaît que le personnage énigmatique de Barabbas soit un dédoublement de Jésus dans les couches populaires. La prétendue habitude à amnistier un juif à l'occasion de Pâques par Pilate qui s'avère une autre élaboration pour les besoins du récit dénonce ce processus. L'accusation de Jésus d'ameuter les juifs, l'accusation de brigandage rejoint les récits, les surnoms de plusieurs apôtres dénoncent un tel scénario en filigrane, qui a résisté aux nombreuses retouches. Dans cet optique, il ressort que Jésus a pu être relâché par les autorités romaines ne lui trouvant aucun chef d'accusation, et qu'il ait simplement disparu de la région. Générant ainsi les accusations d'avoir été trahi tantôt par les apôtres, tantôt par les rabbins, tantôt étant affirmé avoir été enlevé par les apôtres, ou plus tard ressuscité et élevé au ciel. Les indices d'un processus d'élaboration midrashique des récits contradictoires de la crucifixion, l'absence d'écrits à ce sujet antérieurs à la seconde moitié du second siècle et tous les points relevés ici semblent converger de façon frappante sur l'élaboration imaginaire de cette condamnation suspicieuse de Jésus, mort et ressuscité.

Le personnage énigmatique de Simon le magicien soutenant que Jésus n'a pas vraiment été crucifié serait-il également un artefact des prêches de l'apôtre Pierre ridiculisé par les pauliniens qui auront raison de tout écrit des vrais apôtres ? Paul ne se plaint-il pas de ce que certains prêchent un autre Jésus et un autre évangile ?

(2Corinthiens, 11:1-4) : "Oh! si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie ! Mais vous, me supportez ! Car je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure. Toutefois, de même que le serpent séduisit Eve par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l'égard de Christ. Car, si quelqu'un vient vous prêcher un autre Jésus que celui que nous avons prêché, ou si vous recevez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre Évangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien. Or, j'estime que je n'ai été inférieur en rien à ces apôtres par excellence."

Paul se pose très ouvertement contre les apôtres, qu'il qualifie de colonnes et s'affirme dépositaire du vrai évangile. Ainsi, il apparaît que son rôle dans les anathèmes ayant conduit à la destruction des écrits des vrais apôtres est décisif et irrévocable (Galates, 1:9).



C-3. Les deux plus anciennes mentions canoniques de la condamnation de Jésus :

C-3.1 Papyrus 75 (IIeS au IVeS):

(Luc,23:1-56) : "Toute la multitude se leva alors et le conduisit à Pilate.2 Et ils commencèrent à l’accuser, en disant : “ Cet homme, nous l’avons trouvé bouleversant notre nation, et interdisant de payer les impôts à César, et se disant lui-même Christ, un roi. ”3 Alors Pilate lui posa la question : “ Es-tu le roi des Juifs ? ” Lui répondant, il dit : “ C’est toi qui [le] dis. ”4 Pilate dit alors aux prêtres en chef et aux foules : “ Je ne trouve aucun crime en cet homme. 5 Mais ils insistaient, en disant : “ Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée, oui ayant commencé depuis la Galilée jusqu’ici. ”En entendant cela, Pilate demanda si l’homme était Galiléen,7 et, après s’être assuré qu’il était de la juridiction d’Hérode, il l’envoya à Hérode, qui était, lui aussi, à Jérusalem en ces jours-là.8 Quand Hérode vit Jésus, il se réjouit beaucoup, car depuis un temps considérable il voulait le voir parce qu’il avait entendu parler de lui, et il espérait lui voir accomplir quelque signe.9 Alors il se mit à l’interroger avec force paroles, mais il ne lui répondit rien.10 Cependant les prêtres en chef et les scribes se levaient sans cesse et l’accusaient avec véhémence.11 Alors Hérode, avec les soldats de sa garde, lui témoigna du mépris ; il se moqua de lui en le revêtant d’un vêtement éclatant et le renvoya à Pilate.12 Et Hérode et Pilate devinrent amis l’un de l’autre ce jour-là même, car auparavant il y avait toujours eu inimitié entre eux.13 Pilate alors convoqua les prêtres en chef, et les chefs, et le peuple,14 et il leur dit : “ Vous m’avez amené cet homme comme quelqu’un qui incite le peuple à la révolte, et, voyez, je l’ai interrogé devant vous, mais je n’ai trouvé en cet homme rien qui motive les accusations que vous portez contre lui.15 Hérode non plus d’ailleurs, car il nous l’a renvoyé ; et, voyez, rien n’a été commis par lui qui mérite la mort.16 Je vais donc le châtier et le relâcher. ”17——18 Mais avec toute leur multitude ils crièrent, en disant : “ Enlève celui-ci, mais relâche-nous Barabbas ! ”19 ([C’était l’homme] qui avait été jeté en prison pour une certaine sédition survenue dans la ville et pour meurtre.)20 De nouveau Pilate les interpella, parce qu’il voulait relâcher Jésus.21 Alors ils se mirent à vociférer, en disant : “ Attache sur un poteau ! Attache-le sur un poteau ! ”22 Pour la troisième fois il leur dit : “ Mais enfin, quel mal a fait cet [homme] ? Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort ; je vais donc le châtier et le relâcher. ”23 Mais ils se faisaient pressants, avec des voix fortes, demandant qu’il soit attaché sur un poteau ; et leurs voix l’emportaient.24 Alors Pilate prononça que leur demande soit satisfaite :25 il relâcha l’homme qui avait été jeté en prison pour sédition et pour meurtre, et qu’ils réclamaient, mais il livra Jésus à leur volonté.26 Or, comme ils l’emmenaient, ils se saisirent d’un certain Simon, originaire de Cyrène, qui revenait de la campagne, et ils placèrent sur lui le poteau de supplice pour le porter derrière Jésus.27 Mais le suivait une grande multitude du peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine de chagrin et se lamentaient sur lui.28 Jésus se tourna vers les femmes et dit : “ Filles de Jérusalem, cessez de pleurer pour moi. Au contraire, pleurez pour vous et pour vos enfants ;29 parce que, voyez, des jours viennent où l’on dira : ‘ Heureuses les stériles, et les matrices qui n’ont pas mis au monde, et les seins qui n’ont pas allaité ! ’30 Alors ils commenceront à dire aux montagnes : ‘ Tombez sur nous ! ’ et aux collines : ‘ Couvrez-nous ! ’31 Parce que s’ils font ces choses quand l’arbre est humide, qu’arrivera-t-il quand il sera desséché ? ”32 Mais on conduisait aussi deux autres hommes, des malfaiteurs, pour être exécutés avec lui.33 Et lorsqu’ils arrivèrent au lieu appelé Crâne, là ils l’attachèrent sur un poteau, ainsi que les malfaiteurs, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.34[[Mais Jésus disait : “ Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. ”]] En outre, pour distribuer ses vêtements, ils jetèrent les sorts.35 Et le peuple se tenait là à regarder. Mais les chefs ricanaient, en disant : “ Il en a sauvé d’autres ; qu’il se sauve lui-même, si celui-ci est le Christ de Dieu, Celui qui a été choisi. ”36 Les soldats aussi se moquèrent de lui, s’approchant pour lui offrir du vin aigre37 et disant : “ Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. ”38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : “ Voici le roi des Juifs. ”39 Mais l’un des malfaiteurs pendus l’insultait : “ Tu es le Christ, n’est-ce pas ? Sauve-toi toi-même, et nous [aussi]. ”40 En réponse l’autre le réprimanda et dit : “ Ne crains-tu pas du tout Dieu, alors que tu es dans le même jugement ?41 Oui, pour nous c’est justice, car nous recevons pleinement ce que nous méritons pour les choses que nous avons commises ; mais cet [homme] n’a rien fait de déplacé. ”42 Puis il dit : “ Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume. ”43 Et il lui dit : “ Vraiment, je te le dis aujourd’hui : Tu seras avec moi dans le Paradis. ”44 Eh bien, c’était déjà environ la sixième heure, et pourtant il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure,45 parce que la lumière du soleil avait disparu ; alors le rideau du sanctuaire se déchira par le milieu.46 Et Jésus appela d’une voix forte et dit : “ Père, entre tes mains je remets mon esprit. ” Quand il eut dit cela, il expira.47 Voyant ce qui était arrivé, l’officier se mit à glorifier Dieu, en disant : “ Réellement, cet homme était juste. ”48 Et toutes les foules qui s’étaient rassemblées là pour ce spectacle, quand elles virent les choses qui étaient arrivées, commencèrent à s’en retourner en se frappant la poitrine.49 De plus, tous ceux qui le connaissaient se tenaient à distance. Des femmes aussi, qui ensemble l’avaient suivi depuis la Galilée, se tenaient là, regardant ces choses.50 Et, voyez, un homme nommé Joseph, qui était membre du Conseil, un homme bon et juste —51 cet [homme] n’avait pas voté en faveur de leur projet et de leur action —, il était d’Arimathée, ville des Judéens, et attendait le royaume de Dieu ;52 cet [homme] alla vers Pilate et demanda le corps de Jésus.53 Et il le descendit, l’enveloppa dans du fin lin et le déposa dans une tombe taillée dans le roc où personne encore n’avait été mis.54 Or, c’était le jour de la Préparation, et la lumière du sabbat arrivait.55Mais les femmes, qui étaient venues de Galilée avec lui, suivirent de près et regardèrent la tombe de souvenir et comment son corps [y] fut déposé ;56 et elles s’en retournèrent pour préparer des aromates et des huiles parfumées. Mais, naturellement, elles se reposèrent le sabbat, selon le commandement."


□ Cet écrit rapporte comment un certain Joseph a descendu Jésus de la croix pour le transporter dans une caverne. Or, cela aurait pu sauver la vie de Jésus, puisque c'était le sabbat et que les regards étaient détournés de Jésus, qui a pu récupérer et s'éveiller dans la caverne.


C-3.2 Papyrus 121 (IIIes) :

(Jean,19:17-18;25-28) :

recto : "νιου Τοπον ο λεγεται Εβραιστι Γολγοθα οπου αυτον εσταρωσαν και μετ' αυτου αλλους δυο εντευθεν κα εντευθεν μεσον"

"... place qui est appelé en hébreu Golgotha. Là, ils le mirent au poteau, et avec lui deux autres, un de chaque côté."

verso : "ηΙΣ ουν ιδων την μητερα και τον μαθητην παρεστωτα ον ηγαπα λεγει τη ΜΗΙΓυναι ιδε ο υιος"

"Jésus, voyant sa mère, et la disciple qu'il aimait, il dit à sa mère: «Femme, voici ton fils!"

□ Ici aussi, il est fait mention de poteau et non de croix, comme cela est représenté dans l'iconographie chrétienne tardive. En gras les passages illisibles.

□ Jésus ne figure pas mentionné dans ce manuscrit.


C-4. Inconsistance logique de la doctrine de la redemption: 

"Dis : 'Qui pourrait quelque chose contre Allah s'il voulait détruire le Messie, fils de Marie, ainsi que sa mère et tous ceux qui sont sur la terre ?'."
(Coran 5.17)


La doctrine chrétienne de la rédemption contient par ailleurs une inconsistance fondamentale. Selon celle-ci, le péché originel a souillé l'humanité, et Dieu, dans son extrême bonté est venu se sacrifier sur la croix sous apparence humaine, afin d'en mourant, lever le péché des hommes. 

Or, si il est mort sur la croix, il surgit un paradoxe. Soit Jésus est Dieu au moment de sa mort, alors il faut un autre dieu pour le ressusciter, ou il n'est pas vraiment mort. Si il n'est par mort en tant que dieu sur la croix, alors il n'a donc pas levé le péché des hommes.









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[1] Au IIe siècle sur le papyrus P4, qui est le plus ancien document disponible contenant les 6 premiers chapitres de Luc, les 8 premiers versets du chapitre 3 et les 5 premiers versets du chapitre 2, c'est à dire ceux qui nous donnent les dates évoquées ci-dessus, sont totalement absents....Tout comme pour le papyrus Bodmer de la fin du IIe siècle.

[3] Jami'ul Sahih, Muslim.

[4] De même que la partie disant 'allez boire du lait et de l'urine des chamelles de l'aumône' a été pris au sens propre dans l'élan littéraliste, tandis que cela visait très manifestement à leur adjoindre de sortir de la ville (al Madînah) en direction du désert sauvage dans l'espoir de retrouver la santé. Boire du lait et de l'urine des chamelles signifiant ici clairement l'idée de traire les chamelles dans le désert et s'en abreuver. La mention de l'urine signifiant l'idée que de l'urine éclabousse parfois dans le lait, simplement. Même si les commentateurs postérieurs ont pris cela comme un miracle, en sortant le hadith de Anas de son contexte historique.



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