samedi 27 décembre 2014

V. Le Coran Est-Il Fidèle à l'Original ?

A. Introduction :

Encore à ce jour, aucune étude philologique intégrale à but scientifique n'a été réalisée sur le Coran, et l'écrasante majorité des chercheurs se fonde sur l'arabe moderne et la tradition. Il n'existe que des traductions de vulgarisation, aucune traduction du Coran à but scientifique fondée sur la lexicologie, la philologie ou la linguistique moderne n'existe à ce jour.

Depuis le XIXeS les méthodes d'investigation de plus en plus avancées ont commencé à être appliquées sur le Coran. Les premiers travaux étaient relativement vagues ou consistaient en des essais. L'absence de manuscrits musulmans remontant à avant le IXeS suivant la datation paléographique et la codicologie, conduisit un certain nombre de spécialistes à soutenir que le Coran actuel serait une compilation progressive d'écrits épars judéo-chrétiens. Certains chercheurs avançant une origine israélite dénommée Agarisme, d'autres encore une origine chrétienne, quoi que ces thèses restèrent marginales aux yeux de leurs pairs. Christoph Luxenberg proposa de même une relecture syriaque des passages coraniques, devenus obscurs au fil de la dérive sémantique.

Pourtant, dès la fin du siècle dernier, des cachètes de manuscrits paleo-islamiques furent découvertes, qui allaient changer la donne. Finalement, il existait bien des écrits typiquement musulmans dès l'époque du Prophète de l'islam.


B. Les Cachètes de Manuscrits :

A partir de la fin du XXeS, des cachètes où des manuscrits anciens étaient abandonnés ont été retrouvées au Caire, à Fustat ou encore à Sanaa. La datation de ces manuscrits allait bouleverser la thèse de la rédaction progressive du Coran. En effet des manuscrits ont été datés avec des moyens physiques plus précis. Et les manuscrits les plus anciens se sont révélés remonter directement à l'époque de Muhammad.



Ci-dessus l'un des manuscrits coraniques de Sana'a les plus anciens :  le Sana'a I . Le scriptio inférieur pourrait directement remonter au vivant de Muhammad entre 614 et 656 à 68 %, selon la datation au carbone 14.



D'après Sadeghi et Bergman, le manuscrit Stanford '07 peut remonter au vivant du Prophète. [1]


Les écrits de jurisprudence datant du IXeS recommandaient en effet de détruire les anciens écrits sacrés comportant des versets du Coran, ou les noms d'Allah, de Muhammad ou d'autres personnalités saintes. Les juristes recommandant de brûler, enterrer ou détruire en déchirant et disposant en un lieu non piétiné les manuscrits devenus illisibles. En sorte que l'apparente absence de vieux manuscrits remontant à avant la réforme de l'écriture arabe du IXeS s'élucidait finalement de façon évidente.



Sur la photo, on voit l'état de parchemins arabes paleo-islamiques dans l'état où ils ont été retrouvés quand le toit d'une ancienne mosquée s'est effondré à Sana'a.


En effet, du vivant de Muhammad, il n'existait pas d'alphabet véritable, mais un proto-alphabet ne disposant d'aucune voyelle, ni même de ponctuation. Ainsi treize caractères servaient à la graphie d'une trentaines de sons, tandis que le lecteur devait connaître le sens de l'écrit avant de le lire, le support servant d'aide mémoire. Or, vers le IXeS une réforme débutée pour des exigences administratives permettant de différencier les consonnes s'écrivant de façon identique et de fixer par écrit la voyellisation fut achevée. Cette réforme de l'écriture posa un problème au sujet du Coran et des manuscrits religieux, étant donné qu'il existait différentes grilles de déchiffrement qui se sont instituées au fil de leur transmission chez les premières générations de savants. 

La tradition rapporte donc que parmi les diverses variantes de lecture (maʤmūʔal qirāʔāt) du Coran, sept furent canonisées suivant les chaines de transmetteurs de maître à élève (isnād). La conformité de ces sept variantes à la langue qoraïchites du IXeS et la conformité au support consonantique du codex d'Uthman étant de même exigées. Or, les résistances populaires conduisit à en légaliser encore 3 ou davantage par la suite. Tandis que les quelque 35.000 variantes de versets furent transmises dans les ouvrages d'exégèse comme variantes marginales.



C. La Structure Consonantique Entièrement Confortée Au Début du IeS :


Parmi les quelque 30.000 fragments retrouvés à Sana'a 926 corans ont été identifiés, et à part quelques dizaines de différences mineures, le Coran actuel a été conforté par plusieurs certaines de corans dès le VIIeS dans sa structure consonantique.

En effet, la découverte de certains palimpsestes parmi les manuscrits les plus anciens va dans le sens de la tradition musulmane soutenant qu'une standardisation des manuscrits particuliers en regard de la version des disciples directs de Muhammad entamé dès l'époque d'Uthman ibn Affan et qui a manifestement duré de façon marginale durant les premiers siècles. Des manuscrits confortant de même la descriptions des codex personnels d'Ubay ibn Ka'b ou ibn Mas'ūd tels que transmis dans les ouvrages d'exégèse et chez les chroniqueurs a de même montré la fidélité des descriptions aux faits historiques. Or, il demeurait encore un doute quant à la version finalisée rajoutée de voyelles telle que nous en disposons actuellement.



D. Le Passage du Proto-Alphabet à Un Alphabet :

Lire aussi : Fiabilité du Coran
Lire aussi : L'Énigme des Lettres Séparées du Coran



Comme le Coran semblait finalement conforté dans sa structure consonantique, mais que certains passages demeuraient obscurs, divisant pour certains passages les exégètes sur certains versets sur plusieurs pages d'interprétations diverses, un doute continuait de résister à l'analyse sur la fidélité de la version finalisée dont nous sommes dépositaires.


Et, des spécialistes dont Christoph Luxenberg ont proposé de relire ces fammeux passages obscurs suivant la philologie, d'après la langue syriaque... Cette idée venait de ce que certains chercheurs soutenaient que le Coran était un genre de lexicaire de textes judéo-chrétiens mal lus par les Arabes.


Néanmoins, un rebondissement s'est encore réalisé par Michel Cuypers qui a eu l'idée d'appliquer la lecture suivant la rhétorique sémitique découverte par Roland Meynet. Cuypers a en effet montré de façon vérifiable que les sourates sont organisées suivant des symétries thématiques très élaborées. En sorte que le sens des versets s'organisaient suivant une logique sémitique oubliée, en sorte que derrière leur apparence décousue, ils ressortaient comme organisés de façon rigoureuse.

Par exemple, si on attribue des lettres au thémes des passages on retrouve des symétries A/B/C, C/B/A, ou encore A/B - A/B - C- B/A - B/A, ...


Le chercheur a ainsi indirectement démontré que le sens des versets apparait comme fidèle à la version originelle. Puisque le fond consonantique est conforté par la datation physique des manuscrits dès l'époque du Prophète, et que le sens des versets suit en fait une logique très sophistiquée, qui plus est oubliée par les anciens dès le IXeS et jamais mentionnée, il ressort donc que mis à part certains passages demeurant obscurs à cause de la dérive sémantique, le Coran est fidèle à la version primitive.


En effet, il eut été lourdement fastidieux, pour ne pas dire irréalisable d'adapter le support consonantique primitif des manuscrits d'avant la réforme de l'écriture arabe en sorte d'en composer des récits d'une si profonde cohérence sur le plan thématique, répondant à des symétries aussi sophistiquées qu'étranges... Et en mettant que cela aurait été réalisé néanmoins avec des efforts herculéens il eut été sans doute impossible d'imposer une lecture aussi éloignée d'une version populaire qui avait à ce moment déjà trois siècles d'histoire pratique. La fixation de 7 variantes à cette époque montre par ailleurs que la variation avait néanmoins bien eu lieu, quoi qu'aucune des variantes retenues ne s'éloigne d'une idée centrale invariable. En conclusion, il ressort bien que le Coran actuel est très fidèle à l'original. Même si nous ne pouvons pas formellement démontrer qu'il y est complètement identique, ne fût-ce que sur la prononciation exacte des vocalises, les voyelles initiales originelles ou le sens lexicologique et sémantique des termes qui s'y trouvent. La résisntance de certains passages obscurs à une interprétation univoque semble indiquer soit une dérive sémantique sensible, soit des éloignements ponctuels du texte originel. Ou alors des figures de rhétorique désuètes...


E. Approche Traditionnelle et Certaines Confusions :

E-1. Le Coran est la Parole d'Allah qu'il a protégé des interventions d'Iblis :

(Cor., 15:9) : "Et ils (les mecquois) disent : 'Ô toi sur qui on a fait descendre le Coran, tu es certainement possédé (par un jinn) ! Pourquoi ne nous es-tu pas venu avec les Anges, si tu es du nombre des véridiques ?' Nous ne faisons descendre les Anges qu'avec la vérité; et alors, il ne leur sera pas accordé de répit [à ces impies]. En vérité c'est Nous qui faisons descendre le Rappel, et Nous le protégeons [des jinns]."

(Cor., 72:25-28) : "Mais j'ignore si ce dont vous êtes menacés est proche ou si mon Seigneur lui a fixé un terme plus éloigné, car Lui Seul connaît l'invisible dont Il ne révèle l'invisible qu'à ceux qu'Il agrée comme messagers, et qu'Il fait précéder et suivre d'une escorte vigilante, afin de S'assurer qu'ils ont bien transmis les messages de leur Seigneur, dont la science embrasse tous leurs faits et gestes, dans les moindres détails."

(Cor., 22:52) : "Nous n'avons envoyé, avant toi, ni Messager ni prophète qui n'ait récité (ce qui lui a été révélé) sans que le Diable n'ait essayé d'intervenir [pour semer le doute dans le cœur des gens au sujet] de sa récitation. Allah efface ce que le Diable suggère, et Allah renforce Ses versets. Allah est Omniscient et Sage."


E-2. La possibilité d'oublier le Coran :

(Cor. 2,106) : "Si Nous réécrivons un verset quelconque [nunsix] ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas qu'Allah est Omnipotent ?"


E-3. Exemples de sourates et de versets oubliés ou perdus avec la mort au front de récitateurs avant la compilation selon la tradition :

E-3.a. Une sourate de la longueur de la Sourate al-Tawbah oubliée :

Abū Mūsa al-Ach'āri rapporte : "Nous récitions une sourate que nous comparions, dans la longueur et la rigueur, à la sourate al-Bara'ah, puis Dieu la fit oublier ; cependant je me souviens de ce passage : 'Lau kāna libni ādama uādiyāni min mālin labtaɣā uādiyan θāliθan. Ua lā yamlaʔu ʤawfa-bni ādama illā at-turāb'. Nous récitions une sourate que nous comparions [dans la longueur] à une des sourate commençant par Sabbaħa, puis Dieu la fit oublier ; cependant je me souviens de ce passage : 'iːā ayyuhā-llaðīna āmanū limā taqūlūna mā lā tafʔalūna fa tuktaba ʃahādatun fî aʔnāqikum fa tusʔalūna ʔˤnhā i:ām al-qiyāmah'" (Jami'ul Sahih, Muslim, n° 1050).

□ L'emplacement de certains versets n'était pas clair chez certains, ainsi, il semble inévitable que certains compagnons entremêlent certaines sourates. Ici, il y a une confusion entre un commentaire d'un verset et le verset lors d'une oraison. Abdallah ibn Mas'ūd croyait à contrario que les sourates al Fātiha, 113 et 114 étaient juste des incantations (il était le seul).  

Al Bukhārī et Muslim rapportent selon ibn Abbas et selon Anas ceci sous forme de hadith : "وعن ابن عباس أن رسول الله قال‏:‏ ‏ ' لو أن لابن آدم وادياً من ذهب أحب أن يكون له واديان، ولن يملأ فاه إلا التراب، ويتوب الله على من تاب‏'".


E-3.b. La Sourate al-Ahzab était aussi longue que la Sourate al-Baqārah:

Ubay ibn Ka'b dit un jour à Zirr : "Combien de versets dénombres-tu dans la sourate al-Ahzab ? – Soixante-treize, lui répondis-je. – Eh bien je l'avais récitée quand elle était d'une longueur comparable à celle de la sourate al-Baqārah !" (Musnad, Ahmad ibn Hanbal. n° 20261 ; voir aussi n° 20260). Aïcha a tenu un propos voisin : la sourate al-Ahzâb était, à un moment donné, constituée de deux cents versets [2].

□ Idem, voir commentaire supra. 


E-3.c. Passages oubliés de la sourate al-Bayyina :

Ubayy ibn Ka'b se souvenait que les versets suivants figuraient à un moment donné dans la sourate al-Bayyina (classée dans les copies uthmaniennes comme étant la 98ème sourate du Coran) : "Innā ðāta ad-dīni ʔindallāh il-hanīfiyyāt ul-muslimātu lā al i:ahūdiyyāti ua lā an-nasˁrāniyyāti ua lā al-maʤūsiyya. Man yaf'al xayran fa lan yukfarah … Lau annā libni ādama uādiyan min mālin labtaɣâ ilayhi θāniyan. Ua lau kāna lahū θāniyan labtaɣâ ilayhi θāliθan. Ua lâ yamlaʔʤaufa-bni ādama illâ at-turāb. Ua yatūbullāhu ʔalâ man tāb". (rapporté par Tirmidhî, n° 3898).

□ Ubay se souvient vaguement du verset (2:286), et un hadith du Prophète cité en commentaire (cf. E-3.a) est cru faire partie d'une sourate.


E-3.d. Mention de la perte de mémorisateurs aux fronts :

Zayd ibn Thābit a dit : "Après la mort des gens d’Al-Yamāmah, Abū Bakr me convoqua. Je trouvai chez lui Umar ibn al-Khattāb. abū Bakr dit : 'Umar est venu me voir et pour me dire : 'La mort a prélevé un lourd tribut sur les hommes le jour d’al-Yamāmah et je crains que cela ne touche les mémorisateurs sur les divers fronts si bien que l’on perdra une grande partie du Coran s’ils ne le compilent pas. Je serais donc d’avis que tu compiles le Coran'. abu Bakr demanda : 'Comment puis-je faire une chose que le Messager d’Allah n’a pas faite ?' Il dit : 'Par Allah, c’est une entreprise bénéfique. Il n’a cessé d’en discuter avec moi jusqu’à ce qu’Allah ouvre ma poitrine et que je partage l’opinion de Umar." [3].


E-3.e. Mujahid soutient que la conservation du Coran concerne sa version céleste :

Tabari rapporte selon Mujāhid que c'est la version originale qui est préservée chez Allah. Ce qui signifie qu'Iblis n'a rien à voir avec le Coran, qui est entièrement la parole d'Allah et non pas comme certains le prétendaient une inspiration satanique d'un jinn.

Les exégètes interpréteront tantôt, comme souligné par Tabārī, ce passage comme la préservation du sens des versets liés aux aħkām, aux commandements [4]...


E-4. Quelques exemples de variantes ʃāð utilisés comme ahkam par le hanafisme [5]:

Selon ibn Mas'ūd : "وَعَلَى الْوَارِثِ ذي الرَّحِمِ المَحْرَم مِثْلُ ذَلِكَ"

-- > Au lieu de : "وَعَلَى الْوَارِثِ مِثْلُ ذَلِكَ", concernant Coran 2/233 [6].
-- > L'écoles hanafiste exige ainsi l'entretient des proches mahram en plus de ses enfants et épouses.


Selon ibn Mas'ūd : "فَصِيَامُ ثَلاَثَةِ أَيَّامٍ مُتَتَابِعَات".

-- > Au lieu de : "فَصِيَامُ ثَلاَثَةِ أَيَّامٍ", concernant Coran 5/89 [7]
-- > Le rite hanafiste exige que les trois jours de jeûne expiatoires se suivent suivant cette variante ʃāð.


Selon ibn Mas'ūd : "فَإِنْ فَآؤُوا فِيْهِنَّ فَإِنَّ اللّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ".

-- > au lieu de : "فَإِنْ فَآؤُوا فَإِنَّ اللّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ", concernant Coran 2/226 [8].
-- > Ici aussi, le hanafisme se fonde sur cette variante ʃāð et considère que l'ilâ s'achève immédiatement par un divorce sans juge si les quatre mois se sont écoulés.



F. Cohérence du Coran, et erreur apparente des rapporteurs :

Il apparaît, du fait de la cohérence rigoureuse du corpus coranique fixé tel qu'il nous est parvenu, que les oublis de passages soulevés plus haut, suivant les disciples du Prophète, soient une erreur de leur part.

La structure thématique et les symétries rigoureuses du Coran, jusqu'au nombre de mots associés par idées, montre que la compilation du livre était finalement très fidèle à la version primitive. Il est en effet rapporté d'autres parts par les anciens que le Prophète commandait de placer chaque verset à tel endroit du livre personnellement.

Une telle confusion semble pouvoir s'expliquer par un concours de circonstance. Les sourates n'étaient pas nommées de façon univoque aux débuts de l'islam, or, certains versets ont, selon même le Coran, été oubliés par le Prophète, et remplacés par d'autres. Parfois, deux sourates étaient tenus comme unis en une seule par certains compagnons. Enfin, certaines paroles du Prophète ont pu avoir été crus faire partie d'une sourate en train d'être enseigné. Ainsi ibn Mas'ūd pensait que les trois dernières sourates n'étaient pas des sourates mais juste des incantations. Ainsi, au final, il semblerait que le Coran ait été conservé sous sa forme finale lors de sa recension.


G. Le fameux Palimpseste de Sana'a :

La découverte d'un manuscrit coranique très ancien à Sana'a dont le scriptio inferior contient des divergences avec le canon du codex d'Uthman a suscité une forte émulation tant chez les chercheurs que chez les profanes.

En fait, il consolide les récits des chroniqueurs musulmans, et le Coran lui-même. En effet, les historiens rapportent que du temps de Uthman ibn Affān, vers 650, il existait des versions multiples du Coran, dont certains contenaient des erreurs de copistes inévitables, et d'autres qui étaient des compilations propres de disciples du Prophète tel qu'ibn Mas'ūd, Ubay ibn Ka'b, Ali, ... Les livres médiévaux rapportent que certaines versions ont continué d'être reproduits marginalement.

La découverte de ce palimpseste confirme donc ces récits. L'analyse rigoureuse du palimpseste rejoint même des variantes de passages correspondant avec des variantes selon ibn Mas'ūd ou Ubay ibn Ka'b, tels que transmis dans les livres d'exégèse.

Il nous faut aussi rappeler que le Coran lui-même mentionne des variantes, oubliées par le Prophète, dont des pareilles ou des meilleures lui ont été révélés. Le souvenir chez certains disciples d'une variante ou d'une autre, semble également consolider ce verset du Coran.

(Cor., 2:106) : "Nous n'effacerons aucun verset de ce livre, ni ne t'en ferons oublier aucun sans le remplacer par un autre ; meilleur ou pareil. Ne sais-tu pas que Dieu est tout-puissant ?"

Ce passage du Coran mentionne l'existence de versets révélés au Prophète qu'il a transmis, et oubliés. Et dont une autre version à été révélée. Or, ceci implique que les différentes versions ont dû être mémorisées par des disciples, et soient retenues parallèlement par différents fidèles. Ce qui explique les variantes et leçons multiples pour certains passages. Le canon de Uthman étant une version officielle retenue comme canon, et qui nous sera transmis comme modèle de base.

Il est remarquable que les variantes observées dans certains manuscrits très anciens ne s'éloigneront jamais du sens visé par le Coran, tel qu'il nous est parvenu.


H. Démonstration de la stabilité de l'islam dans les ˁul : comparaison chiite/sunnite...

Une institution aussi précise et lourde que les prières journalières n'a pas pu être imposée à l'ensemble des musulmans sans laisser aucune trace ni divergence. Ainsi, les chiites qui sont l'une des plus vieilles branches séparées de l'ensemble des musulmans prient et pratiquent ce qui est nommé les piliers de l'islam de la même façon que les sunnites.


H-1. La alāt :

1) Qui a déterminé la composition d'une rakˤāt ?
2) Qui a décidé que le maghrib se prie 3 rakˤāt ?
3) Qui a inventé le taʃahhud ?
4) A quelle date cela a été imaginé ?
5) Comment on a fait parvenir cette information sur tout le territoire ?
6) Comment on est parvenu à imposer cela sans laisser aucune trace ?


H-2. La zakāt :

A part de petites différences, les ja'farites payent la zakāt comme les sunnites. 1/40e pour l'or ou l'argent et 1/10e pour les bêtes ou les récoltes...


H-3. Le haʤ, le jeûne...

De même, malgré la profonde rupture entre chiites et sunnites dès l'époque des premiers Califes, les similitudes étonnantes dans la pratique cultuelle, les règles commerciales et encore tous les domaines fondamentaux prouvent que dans le fond, ces similitudes démontrent remonter à la seule autorité capable d'imposer ces conventions tant aux uns qu'aux autres... La seule autorité en islam qui peut expliquer ces ressemblances étant le Prophète en personne. Ainsi, tous les points de ressemblances entre chiites et sunnites peut être tenu du point de vue objectif comme remontant directement à avant la séparation, donc à l'islam primitif. Un moyen intéressant de se faire une idée sur les pratiques cultuelles telles qu'elles étaient appliquées du temps des premiers musulmans.



I. Les Variantes Sˁaħīħ :
 
Parfois, un hadith est mentionné pour justifier l'existence de sept variantes du Coran. Or, sept variantes de récitations du Coran ont été sélectionnées selon des chaînes de transmetteurs de maîtres à élèves au IIIeS, et le nombre de variantes a été élevé à 10 ou davantage par la suite.

Umar ibn ul-Khattāb raconte ainsi :
"عن عمر بن الخطاب، قال: سمعت هشام بن حكيم بن حزام، يقرأ سورة الفرقان في حياة رسول الله صلى الله عليه وسلم، فاستمعت لقراءته، فإذا هو يقرأ على حروف كثيرة، لم يقرئنيها رسول الله صلى الله عليه وسلم، فكدت أساوره في الصلاة، فتصبرت حتى سلم، فلببته بردائه، فقلت: من أقرأك هذه السورة التي سمعتك تقرأ؟ قال: أقرأنيها رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقلت: كذبت، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم قد أقرأنيها على غير ما قرأت، فانطلقت به أقوده إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقلت: إني سمعت هذا يقرأ بسورة الفرقان على حروف لم تقرئنيها، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: 'أرسله، اقرأ يا هشام.' فقرأ عليه القراءة التي سمعته يقرأ، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: 'كذلك أنزلت!' ثم قال: 'اقرأ يا عمر.' فقرأت القراءة التي أقرأني، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: 'كذلك أنزلت! إن هذا القرآن أنزل على سبعة أحرف، فاقرءوا ما تيسر منه" 
"Un jour, lors du vivant du Prophète, j'entendis Hishām ibn Hakīm réciter la sourate al-Furqān. Alors que j'écoutais attentivement sa récitation, je m'aperçus qu'il la faisait avec certaines lettres autres que celles que le Prophète m'avait enseignées. J'étais sur le point de l'interpeller pendant sa prière même, mais je me retins et attendis qu'il la termine. Je le pris alors par son vêtement et lui dis : 'Qui donc t'a enseigné ainsi la sourate que je t'ai entendu réciter ? - C'est le Prophète, me répondit-il. - Tu mens, lui répliquai-je, car il me l'a enseignée avec des lettres différentes que certaines de celles dont que tu viens de réciter.' Je l'emmenai alors auprès du Prophète et exposai à celui-ci le problème : 'J'ai entendu cet homme réciter la sourate al-Furqān et y réciter certaines lettres autres que celles que tu m'as enseignées. - Lâche-le.' me dit le Prophète. Puis, se tournant vers Hisāâm, il lui dit : 'Récite, Hishām.' Hishām récita alors la sourate de la même manière qu'il l'avait fait auparavant. Le Prophète dit alors : 'Ainsi cette sourate est elle descendue !' Puis il me dit : 'Récite, toi, Umar.' Je le fis alors selon la façon que lui-même m'avait enseignée. Il dit également : 'Ainsi cette sourate est elle descendue !' Puis il dit : 'Ce Coran a été descendu avec sept harf. Récitez donc celle qui est facile pour vous'" (Rapporté par al-Bukhārī, n° 4706).

Ici, les termes sept harf et la facilitation de la récitation concerne la prononciation des voyelles selon les dialectes et idiomes. En effet, il existait initialement non pas trois voyelles mais sept, comme dans l'araméen, que nous retrouvons dans les dix variantes authentiques reconnues...


Des liens vers des audios des dix variantes sahih du Coran en format mp3 :

http://d1.islamhouse.com/data/ar/ih_quran/ar_Azzaherah/ar_Azzaherah_001.mp3
http://d1.islamhouse.com/data/ar/ih_quran/ar_Azzaherah/ar_Azzaherah_002.mp3
http://d1.islamhouse.com/data/ar/ih_quran/ar_Azzaherah/ar_Azzaherah_091.mp3
http://d1.islamhouse.com/data/ar/ih_quran/ar_Azzaherah/ar_Azzaherah_109.mp3


Voici un lien où on peut écouter les 10 variantes tenues pour sahih du Coran : Al-Khatmah Az-Zahirah : (les dix variantes consensuelles de la lecture coranique) - Français - Taha Al-Fahd









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[1] B. Sadeghi & U. Bergmann, "The Codex Of A Companion Of The Prophet And The Qurʾān Of The Prophet", Arabica, 2010, Volume 57, pp. 348-354.

[2] al-Itqān 2/718

[3] al-Itqān, volume 1, p. 100.


[5] D'ailleurs juste une page avant, Tabārī rapporte l'ixtilāf sur le verset que certains prononcent "mā nunazzilul malāika" et d'autres "mā tunazzalu'l malāika" en soulignant que le sens est dans les deux cas préservé. Il est faux ou mensonger de soutenir que le Coran serait demeuré identique à celui du vivant du Prophète en se fondant sur ce verset. Les anciens ont mentionné la perte de versets, et même d'une sourate entière. Néanmoins, ce qui reste du Coran de sahih constitue la source la plus solide en islam. Les autres variantes vallent selon leurs asānid. cf. tafseer-al-tabari

[6] al-Hidāya, 1/427.

[7] Une récitation rapportée par ibn abi Chayba et Abd ur-Razzāq : Nasb ur-rāya, 3/296. C'est aussi la qirâ'ah de Ubayy ibn Ka'b , rapportée par al-Hākim : Nasb ur-rāya, 3/296 (cf. al-Hidâya 1/461).

[8] a-Mughnī, 10/454.





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