jeudi 18 décembre 2014

XII. L'Énigme des Lettres Séparées du Coran

A. Introduction :

Il existe des assemblages de lettres isolées en début de vingt-neuf sourates du Coran, nommées مقطعات [muqātˁa'āt] (litt. séparées). Elles apparaissent en début des sourates : 2–3, 7, 10–15, 19–20, 26–32, 36, 38, 40–46, 50 et 68. Elles semblent ne pas avoir de sens intelligible, et il existe certaines thèses au sujet de leur existence en début de certaines sourates. Dans le présent article, nous allons présenter une thèse et soutenir qu'il s'agit d'une forme archaïque d'écriture. Cette thèse a notamment été soutenue par Fakhr al-Din al-Razi. Nous allons débuter notre article avec une analyse mathématique de ces séries de lettres isolées.

Les lettres de l'alphabet arabe sont dérivées de phonèmes antérieures à l'élaboration de l'écriture syllabique. Chaque lettre représente donc originellement une idée, un symbôle bien précis. 







B. Les Séries de Lettres Séparées :
Liste des muqatta'at par sourate :

SOURATE
LETTRES
al-Baqarah
ʾAlif Lām Mīm الم
Āl Imrān
ʾAlif Lām Mīm الم
al-Aʿrāf
ʾAlif Lām Mīm Ṣād المص
Yūnus
ʾAlif Lām Rā الر
Hūd
ʾAlif Lām Rā الر
Yūsuf
ʾAlif Lām Rā الر
Ar-Raʿd
ʾAlif Lām Mīm Rā المر
Ibrāhīm
ʾAlif Lām Rā الر
al-Ḥijr
ʾAlif Lām Rā الر
Maryam
Kāf Hā Yā ʿAin Ṣād كهيعص
Ṭāʾ Hāʾ
Ṭā Hā طه
ash-Shuʿārāʾ
Ṭā Sīn Mīm طسم
an-Naml
Ṭāʾ Sīn طس
al-Qaṣaṣ
Ṭā Sīn Mīm طسم
al-ʿAnkabūt
ʾAlif Lām Mīm الم
ar-Rūm
ʾAlif Lām Mīm الم
Luqmān
ʾAlif Lām Mīm الم
as-Sajdah
ʾAlif Lām Mīm الم
Yāʾ Sīn
Yā Sīn يس
Ṣād
Ṣād ص
Ghāfir
Ḥā Mīm حم
Fuṣṣilat
Ḥā Mīm حم
ash-Shūrá
Ḥā Mīm; ʿAin Sīn Qāf حم عسق
Az-Zukhruf
Ḥā Mīm حم
Al Dukhān
Ḥā Mīm حم
al-Jāthiya
Ḥā Mīm حم
al-Aḥqāf
Ḥā Mīm حم
Qāf
Qāf ق
Al-Qalam
Nūn ن




C. Correspondance entre Séries de Lettres Isolées et leur fréquence d'usage à travers le Coran[1] :

Lettre
Ocurences


1. ا
52991
2. ل
38550
3. ن
27380
4. م
27071
5. ي
25858
و
25676
6. ه
17306
7. ر
12627
ب
11603
ت
10.522
8. ك
10497
9. ع
9405
ف
8747
10. ق
7034
11. س
6122
د
5991
ذ
4932
12. ح
4364
ج
3317
خ
2497
ش
2124
13. ص
2074
ض
1686
ز
1599
ث
1414
14. ط
1273
غ
1221
ظ
853




Il est notoire que l'organisation des séries de lettres isolées des débuts de certaines sourates du Coran correspond à une logique arithmétique en rapport à leurs fréquences d'utilisation dans l'ensemble du Coran, et que ces séries présentent des symétries. Il y a à travers ces symétries également beaucoup de rapports arithémtiques conduisant à des nombres premiers ou à 1.

  ‏ ‏لِلَّهِ تِسْعَةٌ وَتِسْعُونَ اسْمًا، مِائَةٌ إِلاَّ وَاحِدًا، لاَ يَحْفَظُهَا أَحَدٌ إِلاَّ دَخَلَ الْجَنَّةَ، وَهْوَ وَتْرٌ يُحِبُّ الْوَتْرَ

[Allah possède quatre-vingt-dix-neuf noms, cent moins un. Nul ne les retient qui n'entrera au Paradis. Il est Un, et il aime ce qui est un.]

(hadith prophétique)


C-1. Exposition :
C-1.1. Lettre unique (présentation) :


3  - ن représente le serpent (cf, protoalphabet originel voir infra) idée de protection, de savoir, de sagesse (3 est premier)
10 - ق : représente une aiguille, idée de relier les choses entre-elles (1+0 = 1)
13 - ص : représente un papyrus, idée d'instruction (13 est premier)


10+3=13 or on retrouve protection + lier = papyrus


Il est à souligner que 29 sourates commencent avec des séries de lettres séparées, or 29 est un nombre premier. De même, 14 lettres parmi 28 de l'alphabet arabe sont employées, or 6 sont premier, 8 ne le sont pas. Or, quand on considère "1" comme n'ayant aucun diviseur (que lui -même), on arrive à un équilibre de 7 contre 7. On a donc 1/2 de 28 lettres qui sont employées, et 1/2 de celles-ci qui n'ont pas de diviseur hormis eux-mêmes et/ou "1".


C-1.2. Deux lettres :
A-A' :


12 4 - حم

a. 12-4 = 8 = 2(nombre premier exposant un autre nombre premier)
b. 1+2 = 3[2]
c.  3,4 (suite)
d. 1+2+4 = 7 


14 6 - طه

a. 14-6 = 8 = 23 
b. 1+4 = 5
c. 5,6 (suite)
d. 1+4+6 = 11 or 1+1 = 2


B-B' :

14 11 - طس

a. 11
b. 14 - 11 = 3
c. 1+4= 5 & 1+1 = 2
d. 1+4+1+1 = 7


5 11 - يس

a. 11
b. 11 - 5 = 6
c. 5 & 1+1 = 2
d. 5+1+1 = 7


C-1.3. Trois lettres :
A-A'-A'':


2 4 - الم

a. 1
b. 2
c. 1 4 = 5 & 4 1 = 3
d. 1 2 = 3 & 4 2 = 2
e. 1+2+4 = 7


14 11 4 - طسم

a. 11
 b. 1 4 = 5 & 1 1 = 2
  d. |14 - 11| = 3 & |4 - 11| = 7[5]
 c. |5 + 27 & |2 53
e. 1+4+1+1+4 = 11 or 1+1 = 2


2 7 - الر

a. 1.
b. 2
c. 7
d. 1 2 = 3 & 2 = 5
e. 1+2+7 = 10 or 1+0 = 1



C-1.4. Quatre lettres :
A-A' :


4 7° - المر

a. 1
b. 2
c. 7
d. 1 4 = 5 & 1 2 = 3 et 7 4 = & 7 2 = 5
e. 1 2 = 3 & 7 4 = 11
f. 1+2+4+7 = 14 (soit 2×7) & (14) or 1+4 = 5


12 413 - المص

a. 1
b. 2
c. 13
d. 1 4 = 5 & 13 2 = 11
e. 1 2 = 3 & 13 4 = 17 (or 1°7°)
f. 1+2+4+1+3 = 11 or 1+1 = 2



C-1.5. Cinq lettres :
Centré sur 5 ;

[8 6 - 5 9] 13 - كهيعص

a. 5 & 13
b. {5,6} {8,9} (suites)
c.  (symétries)
c1.1 8 9 = 17 & 6 5 = 11 et
c1.2 8 5 = & 9 6 = 3 ;

c1.3 |8 - 9| = & |5 - 6| = 1 ;

c2.1 8 9 = 17 & |8 9| = 
 & 9 6 = 3 &
13 6 = 7 & 13 6 = 19 ;

c2.2 13 8 = 5 &|6 9| = 3 ;

c3.1 8 6 = 14 & 9 5 = 14 et
c3.2 |5 9| = 4 & |13 9| = 4

d. 13 8 = 5 or {5,6}, 13 6 = 7 or {7,8} & 13 5 = 8 or {8,9} , 13 9 = 4 or {4,5} (suites)
e. 4,5,6,7,8,9 (suite)
f. 8 = 23 & 9 = 32
g. 8+6+5+9+1+3 = 32 (soit 25) or 3+2 = 5


Centré sur 9 :

12 [4 - 9] 11 10 - حم عسق

a. 11
b. {9,10,11,12} (suite)
c. (symétries )
c1.1 12 11 = 23 & 9 4 = 13  &
c1.2 9 4 = 5 & |11 12| = 1 ;
c1.3 12 9 = 3 & 11 4 = 7  ;

c2.1 12 9 = 3 & 10 9 = 1 ;
c2.2 12 10 = 2  & 11 4 = 7

d. 12 4 = 8 & 12 9 = 3 or {3,4} et {8,9} & 12 4 = 8, 9 - 4 = 5 or {8,9} & {4,5} (suites)
e. 8 9,10,11,12 13 (suite)
f. 9 = 32 & 4 = 2
g. 1+2+4+9+1+1+1+0 = 19 or 1+9 = 10 & 1+0 = 1[6]


D. Les Origines de l'écriture :

Dès le paléolithique, nous retrouvons les récits tels que des scènes de chasse dessinés sur des parois de grottes. La communication d'idées par la figuration d'animaux, d'objets inanimés voire par des figures abstraites (spirale, éclair, zigzag, triangle, ...), remonte aux origines de l'homme moderne.


fresque paléolithique ile ilgili görsel sonucu

L'écriture a été initiée dès le paléolithique avec la figuration d'idées sur des fresques murales sur des parois de grottes.


Les hiéroglyphes égyptiens semblent se situer dans la continuité logique de ces fresques de la préhistoire. Les images  représentées par les hiéroglyphes suggèrent des idées et servent parfois de phonèmes pour la composition de mots, comme des noms de personnalités. Tandis que l'écriture en cuneiforme est une version simplifiée de ces dessins tracés par des assemblages de traits.



Les hiéroglyphes égyptiens ou précolombiens sont la version plus élaborée des fresques primordiaux, et augurent l'élaboration de l'écriture cuneiforme et de l'écriture alphabétique. Ci-dessus l'alphabet proto- cananéen.


L'écriture syllabique est dérivée de cette écriture archaïque simplifiée, et consiste en la segmentation de toute parole en syllabes. C'est pourquoi les écritures sémitiques ignoraient la graphie des voyelles jusqu'à l'aube du Moyen-Age, à contrario de l'écriture  grec ou latin par exemple.

Ainsi, les séries de lettres isolées des débuts de certaines sourates du Coran ont donc bien, primitivement une signification. Mais ces significations ont sombré dans l'oubli au fil du temps, comme il en est également de la structure rhétorique des sourates et des symétries logiques d'un haut degré de raffinement qui relient les versets et les sourates les uns aux autres.


D-1. Sans redondance, nous retrouvons les 14 séries suivantes et figurations :
D-2. Significations originelles des lettres isolées :

  1. Taureau-Bâton-Eau ------------------------------------------------------------------------------------- الم
  2. Taureau-Bâton-Eau-Papyrus ---------------------------------------------------------------------- المص
  3. Taureau-Bâton-Eau-Tête ----------------------------------------------------------------------------- المر
  4. Taureau-Bâton-Tête ------------------------------------------------------------------------------------ الر
  5. Paume-Fenêtre-Main-Oeil-Papyrus ------------------------------------------------------------ كهيعص
  6. Marque-Fenêtre ----------------------------------------------------------------------------------------- طه
  7. Marque-Poisson ---------------------------------------------------------------------------------------- طس
  8. Marque-Poisson-Eau  --------------------------------------------------------------------------------- طسم
  9. Main-Poisson -------------------------------------------------------------------------------------------- يس
  10. Papyrus  -------------------------------------------------------------------------------------------------- ص
  11. Mur-Eau -------------------------------------------------------------------------------------------------- حم
  12. Mur-eau-Oeil-Poisson-Aiguille ----------------------------------------------------------------- حم عسق
  13. Aiguille ----------------------------------------------------------------------------------------------------- ق
  14. Serpent ----------------------------------------------------------------------------------------------------- ن

D-3. Sens des séries de lettres isolées :

01. Boeuf-Bâton-Eau : Le Puissant guide à la science.
02. Boeuf-Bâton-Eau-Papyrus : Le Puissant guide à la science par l'écriture.
03. Boeuf-Bâton-Eau-Tête : Le Puissant guide à la science par la raison.
04. Boeuf-Bâton-Tête : Le Puissant enseigne la raison.
05. Paume-Fenêtre-Main-Oeil-Papyrus : transmission de la science.
06. Marque-Mur : Protection.
07. Marque-Poisson : Protection de la vie.
08. Marque-Poisson-Eau : Protection de la vie par le savoir.
09. Main-Poisson : Don de la vie.
10. Papyrus : Enseignement.
11. Mur-Eau : Protéger la science.
12. Mur-Eau-Oeil-Poisson-Aiguille : Protéger la science et garder la vie.
13. Aiguille : Relier.
14. Serpent : Savoir, sagesse, protection.



E. Conclusions :

Il apparaît donc que les lettres séparées du Coran ont un sens intrinsèque de par leur origine scripturale historique. Le sens qui apparaît de façon intelligible et étant cohérent avec le Coran consolide cet état de fait.

L'analyse mathématique des lettres séparées suivant leurs fréquences d'utilisation conduit à la conclusion qu'il y a une coïncidence rigoureuse dans leurs agencements et une apparente logique arithmétique axée sur les nombres premiers, et les nombres impairs. Ce constat, s'il n'est pas contestable ne peut de fait pas être considéré comme recherché ni voulu. Néanmoins les symétries obtenues rappellent les symétries rhétoriques du Coran[3], ...

Ces coïncidences, si elles ne peuvent pas être tenues pour recherchées, apparaissent néanmoins cohérentes avec l'affirmation que le Coran émanerait de l'esprit de Dieu, d'une rigueur divine. 















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[1] Comptage informatique sur base du corpus coranique. Soulignons que cette méthode fondée sur la probabilité des occurences a l'avantage d'être calculable et vérifiable. 


[2] (En gras, les nombres premiers.) Le calcul de la racine numérique conduit à des symétries cachées à un autre niveau de comput.


[3] Michel Cuypers, Le Festin, Paris, Lethielleux, Rhétorique sémitique, 2007, 453 p. ISBN : 978-2-283-61251-4.

[5] Le calcul de la valeur absolue de la différence posé entre les || n'est pas arbitraire, et va dans le sens de la vérification de symétries en fonction de la distance séparant les nombres ainsi considérés.

[6] Quand nous additionnons de même les résultats des sommes des valeurs de chacunes des séries nous obtenons : 7+2+7+7+7+2+1+5+2+5+1= 46 or 4+6= 10 or 1+0 = 1 

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